Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6856

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 232-233).
6856. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
24 avril.

Mon divin ange, je ne puis empêcher la foule des éditions qu’on fait de ces pauvres Scythes, et tout ce que je puis faire, c’est de fournir quelques changements pour les rendre plus tolérables. Je ne doute pas qu’après y avoir réfléchi vous ne sentiez combien une scène d’Obéide au premier acte serait inutile et froide ; un monologue d’Obéide, au commencement du second acte, serait encore pis. Il y a sans doute beaucoup plus d’art à développer son amour par degrés ; j’y ai mis toutes les nuances que ma faible palette m’a pu fournir.

Je vous prie de vouloir bien faire corriger deux vers à la fin du quatrième acte ; j’ôte ces trois-ci :

Où suis-je ? Qu’a-t-il dit ? Où me vois-je réduite ?
Dans quel abîme affreux, hélas ! l’ai-je conduite ?
Viens, je t’expliquerai ce mystère odieux ;


et je mets à la place :

OBÉIDE.

Qu’a-t-il dit ? Que veut-on de cette infortunée ?
mon père ! en quels lieux m’avez-vous amenée ?

SOZAME.

Pourrai-je t’expliquer ce mystère odieux ? etc.

Je vous enverrai incessamment une édition bien complète, qui vous épargnera toutes les importunités dont je vous accable, et dont je vous demande pardon.

Je ne vois pas ce qui empêcherait Lekain de jouer au mois de mai cette pièce ; et il me semble que le rôle d’Indatire n’est pas assez violent pour faire mal à la poitrine de Molé.

Vous m’avez flatté d’une nouvelle qui vaut bien le succès d’une tragédie, c’est qu’on allait fermer la boutique de Fréron.

Voici la copie de la réponse à M. Coqueley ; je vous soumets prose et vers.

M. de Chabanon arrive au milieu de nos frimas. Respect et tendresse.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.