Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6885

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 264-265).
6885. — À M. DAMILAVILLE.
16 mai.

Je vois bien, monsieur, par votre lettre du 9 de mai, que ce pauvre homme[1] qui fut mis à Valladolid n’a pu arriver à Paris dans votre hôtel. M. Boursier, votre ami, m’a promis qu’il tenterait de vous faire tenir ce magot par une autre voie.

Ce pauvre Boursier est bien embarrassé. Je ne crois pas qu’il aille sur la Saône. Il prendra patience. On dit que c’est la vertu des ânes ; mais il faut que chacun porte son bât dans ce monde.

Je vous demande en grâce de m’envoyer le petit libelle sorbonique[2] contre Bèlisaire. Il y a cent lieues et cent siècles des honnêtes gens d’aujourd’hui à la Sorbonne. J’ai toujours fait une prière à Dieu, qui est fort courte ; la voici : Mon Dieu, rendez nos ennemis bien ridicules ! Dieu m’a exaucé.

Je vous embrasse tendrement ; tantôt je pleure, tantôt je ris.

  1. Voltaire veut parler des Questions de Zapata ; voyez tome XXVI, page 173.
  2. Indiculus propositionum excerptarum ex libro cui titulus : Bélisaire. Le nombre des propositions qu’y condamne la Sorbonne est de trente-sept. Peu après parurent les XXXVII Vérités opposées aux XXXVII impiétés de Bélisaire, par un bachelier ubiquiste. On attribua cet écrit à Voltaire. Il est de Turgot.