Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 7003

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 365-366).
7003. — À M. L’ABBÉ AUDRA[1].
Septembre.

La malheureuse aventure de Sainte-Foy ayant été depuis longtemps représentée au conseil du roi sous les plus noires couleurs a nui beaucoup à l’affaire des Sirven, comme je l’avais prévu. Les Sirven avaient été renvoyés par la commission des conseillers d’État ordinaires par-devant le roi lui-même, pour obtenir la cassation de la sentence confirmée par le parlement de Toulouse. Mais ce parlement a représenté avec tant d’opiniâtreté son droit de ressort contre les condamnés contumaces, droit en effet établi pour tous les parlements du royaume, que le conseil a craint les mouvements de toute la magistrature. Ces mêmes considérations ont empêché de signer l’édit, qui était tout prêt, pour légitimer les mariages des réformés.

Il n’y a d’autre parti à prendre que celui d’attendre tout du temps. Il faudrait n’avoir que de loin en loin des assemblées publiques, et se contenter d’inspirer l’horreur pour les superstitions et pour les persécutions dans quelque petit livre à la portée de tout âge, que les pères de famille liraient à leurs enfants tous les dimanches. Les nouvelles sottises du pape et des jésuites ouvriront tôt ou tard les yeux du ministère.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — D’après une note du manuscrit, cette lettre serait adressée à l’abbé Audra, professeur royal à Toulouse. (A. F.)