Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7137

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 492-493).
7137. — À M. CHARDON.
À Ferney, 15 janvier.

Monsieur, souffrez qu’en vous renouvelant mes hommages et mes remerciements au commencement de cette année, je vous félicite sur la victoire que vous venez de remporter. Le roi en a usé avec vous comme il le fallait. Il vous rend justice comme vous l’avez rendue. On m’apprend que cette petite tracasserie des chambres assemblées n’a pas ralenti vos bontés pour les Sirven. Tout a conspiré contre cette famille malheureuse, jusqu’à son avocat au conseil, qui est mort lorsque vous alliez rapporter cette affaire. Mais plus elle est persécutée par la nature, par la fortune et par l’injustice, plus vous daignerez employer votre ministère et votre éloquence à la tirer d’oppression.

Je me flatte que vous avez enfin reçu cette apologie de l’arrêt de Toulouse contre les Calas#1. Elle ressemble à l’Apologie de la Saint-Barthélémy, par l’abbé de Caveyrac, et au Panégyrique de la Vérole, par M. Robbé#2.

La famille Sirven trouvera aisément un autre avocat au conseil que M. Cassen#3 ; mais elle ne trouvera jamais un rapporteur et un juge plus capable de mettre au grand jour son innocence, et de consoler une calamité si longue et si déplorable.

J’ai l’honneur d’être, avec le plus grand respect et le plus sincère dévouement, monsieur, votre, etc.