Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7172

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7172. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.
À Ferney, 6 février.

Si vous vous intéressez, monsieur, à la gloire du plus beau siècle que la France ait vu naître, si vous voulez l’enrichir de vos connaissances, il n’y a pas un moment à perdre. Cela est plus digne de la postérité que les tracasseries de Genève ; l’ouvrage tire à sa fin ; j’avais eu l’honneur de vous mander[1] que j’ai prévenu M. le duc de Choiseul ; je ne doute pas que, si vous lui dites un mot, il ne vous permette de m’envoyer des vérités ; il les aime, il sait qu’il est temps de les rendre publiques. Il n’y a que les superstitieux à qui la vérité déplaise. Si vous me secourez, le siècle de Louis XIV vous aura obligation, et moi aussi, qui suis de ce siècle l’homme du monde qui vous est le plus attaché. Les Genevois ont brûlé le théâtre de ce pauvre Rosimond : que ne brûlaient-ils celui de Paris ? On dit qu’il est détestable. Je n’aime pas les incendiaires ; cela peut aller loin. Rome fut brûlée sous Néron, et Genève pourrait bien être brûlée sous le vieux Duluc.

Voltaire.

  1. Lettre 7144.