Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7211

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 557-558).
7211. — À M. DE CHENEVIÈRES[1].
18 mars.

Mon cher ami, les auteurs et les actrices ont cela de commun avec les princes qu’on dit toujours des sottises d’eux, quand ils n’en feraient pas. Je compte que vous aurez vu maman, et qu’elle vous aura bien détrompé. Elle est à Paris pour les affaires les plus pressantes, et moi je vais à Stuttgard arranger les siennes avec M. le prince de Wurtemberg, notre voisin, sur lequel nous avons la plus grande partie de notre bien. Je ne veux pas laisser en mourant les affaires embrouillées, j’ai été un petit duc de Wurtemberg ; je me suis ruiné en fêtes. Avec toute ma philosophie, je suis un plaisant philosophe ; mais je vous jure que je n’ai nul goût pour tout ce fracas, et que je n’ai fait le merveilleux que par complaisance.

Je vous demande en grâce de dire à M. le comte de Rochefort que je lui serai attaché jusqu’au dernier moment de ma vie, comme à vous et à la sœur-du-pot.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.