Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7273

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7273. — À M. LE CHEVALIER DE JULH[1],
brigadier des gardes du roi.

Vous avez écrit, monsieur, en digne chevalier, et je vous remercie en bon citoyen. Vous rendez à la fois service à l’art militaire, qui est le premier, dit-on, et à tous les autres arts qu’on cultive sous l’abri de celui-là. On ne pouvait mieux confondre le Jean-Jacques de Genève. Il n’y a rien à répondre à ce que vous dites, que, suivant les principes de ce charlatan, ce serait à la stupide ignorance à donner la gloire et le bonheur. Ce malheureux singe de Diogène, qui croit s’être réfugié dans quelques vieux ais de son tonneau, mais qui n’a pas sa lanterne, n’a jamais écrit ni avec bon sens ni avec bonne foi. Pourvu qu’il débitât son orviétan, il était satisfait. Vous l’appelez Zoïle ; il l’est de tous les talents et de toutes les vertus. Vous avez soutenu le parti de la vraie gloire contre un homme qui ne connaît que l’orgueil. Je m’intéresse d’autant plus a cette vraie gloire, qui vous est si bien due, que j’ai l’honneur d’être votre confrère dans l’académie pour laquelle vous avez écrit. Elle a dû regarder votre ouvrage comme une des choses qui lui font le plus d’honneur. Vous m’en avez fait beaucoup en voulant bien m’en gratifier.

J’ai l’honneur d’être avec l’estime et la reconnaissance que je vous dois, monsieur, etc.

  1. Je n’ai pu me procurer aucun renseignement ni sur cet auteur, ni sur son ouvrage. (B.)