Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7279

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 59).
7279. — À M. CHRISTIN.
6 juin.

Mon cher ami, mon cher philosophe, en défendant la cause de la veuve et de l’orphelin, vous n’oubliez pas sans doute celle de la raison, et vous cultivez la vigne du Seigneur avec quelque succès, dans un canton où il n’y avait point de vin avant vous, et où tout le monde, presque sans exception, buvait de l’eau croupie. Vous savez qu’on veut persécuter notre ami d’Orgelet[1] pour de très-bon sel qu’on prétend qu’il débite gratis à ceux qui veulent saler leur pot ; mais je ne crois pas qu’on vienne à bout de perdre un honnête homme si estimable.

Je vous ai envoyé trois factums[2]… Je vous prie, quand vous n’aurez pas de clients à défendre au parlement de Saint-Claude, de lire ce procès auquel je m’intéresse, et de m’en dire votre avis. L’abbé Claustre s’appelle sans doute Tartuffe dans son nom de baptême. Il est clair qu’il est un maraud ; mais j’ai peur que ce maraud n’ait raison juridiquement sur deux ou fois points.

Lorsque je serai assez heureux pour que vous veniez me voir, je vous dirai des choses assez importantes.

Bonsoir, mon cher philosophe ; je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Le Riche ; voyez lettre 7266.
  2. C’est-à-dire trois exemplaires d’un mémoire dans l’affaire de Claustre ; mais ce ne doit pas être celui qui est tome XXVIII, page 77.