Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7337
Mon cher correspondant, si les ouvrages gais guérissent les vapeurs, il faut vous dire : Médecin, guèris-toi toi-même[1] ; vous êtes à la source des remèdes. Qui fait, quand il le veut, des choses plus gaies, plus agréables, plus spirituelles que vous ?
Il est très-vrai que Jean-Jacques a mis tous ses petits bâtards à l’hôpital. Je suis fort aise qu’il fasse une fin, et que la sorcière termine ses amours en épousant son sorcier. Je ne croyais pas qu’il y eût dans le monde quelqu’un qui fût fait pour Jean-Jacques.
Il est bien vrai que j’avais promis[2], il y a trois mois, à l’électeur palatin, d’aller lui faire ma cour ; mais ma détestable santé m’a privé de cet honneur et de ce plaisir.
Je n’ai point entendu parler des prétendues faveurs du parlement de Paris. J’ai un neveu actuellement conseiller à la Tournelle, qui ne m’aurait pas laissé ignorer tant de bontés. On ne fait pas toujours tout ce dont on serait capable.
Je vous embrasse de tout mon cœur, mon cher ami ; portez-vous bien. J’espère recevoir encore quelques amusettes pour vous.