Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7392

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7392. — À M. L’ABBÉ AUDRA[1].
Le 14 novembre.

Votre souvenir m’enchante, monsieur ; votre lettre du 2 novembre m’a fait oublier ma vieillesse et ma maladie. On a dépêché sur-le-champ, selon vos ordres, un assez gros paquet à M. Audra de Maljulien ; il a été adressé à M. Tabareau, qui sans doute le lui fera remettre. Vous ne doutez pas de la promptitude avec laquelle j’aime à obéir à vos ordres. Je suis persuadé que vous aurez bonne part à la conversion des esprits toulousains. Vous êtes un bon missionnaire ; vous avez développé dans eux le germe de raison que l’on avait voulu étouffer trop longtemps.

Je vous supplie, monsieur, de me rendre un petit service dans le pays où vous êtes. Il y a quelques mois que j’ai reçu plusieurs lettres signées le marquis de Belestat. Ces lettres me semblaient être d’un homme qui me demandait des avis sur ses ouvrages, et, entre autres, sur un Éloge de Clémence Isaure. On m’a averti depuis ce temps qu’il n’y a point de jeune marquis de Belestat, et qu’on a pris ce nom pour m’en imposer. Il demeurait, disait-il, tantôt à Montpellier, tantôt a Toulouse, et tantôt dans ses terres. Il est très-intéressant pour moi, et pour des personnes assurément plus considérables, qu’on soit informé s’il y a en effet un jeune marquis de Belestat en Languedoc.

J’entretiens toujours une petite correspondance avec votre digne ami M. l’abbé Morellet, et j’y mets les ménagements nécessaires ; car à Paris, comme à Toulouse, tout n’est pas encore éclairé.

On ne peut, monsieur, vous être plus tendrement dévoué que votre très-humble, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — Voyez la note 1, page 235.