Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7393

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7393. — À M. LE DUC DE LA VRILLIÈRE,
comte de saint-florentin[1].
À Ferney. 14 novembre

Monseigneur, quoique l’âge de soixante-quinze ans et la faiblesse attachée à de longues maladies puissent faire soupçonner de radoter, ce n’est pourtant pas moi qui ai placé à la dernière paix une addition qui était faite pour la paix de 1747. C’est une bévue de l’éditeur, dont je me suis aperçu trop tard, et que je vous supplie de vouloir bien faire réparer dans votre exemplaire. Votre bibliothécaire pourra très-bien insérer au quatrième tome le carton ci-joint.

Je suis persuadé que, si vous jetez les yeux sur le troisième volume, à la page 282, ce que je dis de feu M. le comte de Plélo vous attendrira[2].

C’est ici la neuvième édition qu’on a faite dans l’Europe du Siècle de Louis XIV et du Précis du siècle où nous sommes.

On s’empresse de tous côtés à m’apprendre des particularités bien honorables pour la nation ; mais on s’y est pris trop tard. Je serai obligé de faire un supplément, et je compte même faire encore quelques corrections avant que l’ouvrage puisse être présenté au roi. J’ai tâché d’élever à l’honneur de ma patrie un monument que vous puissiez approuver et protéger. Je n’ai rien épargné pour m’instruire, et je crois avoir dit l’exacte vérité, avec la bienséance que des temps si récents exigent.

Je n’ai aspiré, monseigneur, à d’autre récompense d’un travail si long et si pénible que celle d’obtenir votre suffrage et vos bontés, qui seront la plus chère consolation de ma vieillesse. J’ai l’honneur d’être, avec respect et reconnaissance, monseigneur, etc[3].

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Qui se fit tuer pour délivrer le roi Stanislas, près de tomber entre les mains des Russes.
  3. Une lettre de J. Vernes à Voltaire, à la date du 17 novembre 1768, est indiquée dans un catalogue d’autographes. Dans cette lettre, Vernes dit qu’il a