Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7412
Je présente mes tendres respects à Eudoxie, et j’embrasse de tout mon cœur monsieur son père ; mais je le gronde très-vivement d’avoir imaginé que j’aie pu l’oublier à propos d’un Siècle. Je vivrais des siècles que je ne l’oublierais pas.
Le Siècle de Louis XIV fut envoyé à Genève, il y a huit jours, pour être mis à la diligence de Lyon. Il se trouve que cette diligence ne va plus à Genève, mais à Versoy. Le paquet a été remis à Versoy. Le paquet arrivera quand il plaira à Dieu et au directeur des coches.
On ne trouve plus de Princesse de Babylone. J’ai encore une ou deux Guerre de Genève : cela pourrait s’envoyer par la poste, pourvu que vous ayez une adresse sûre.
Le Siècle me chicane ; il y a des gens qui n’aiment pas la vérité, quoique mesurée et circonspecte. Ce qui a été permis aux gazetiers ne l’est plus aux historiens. Cela est aussi fou qu’injuste.
On dit qu’il y a du remue-ménage à quatre lieues de Paris[2] ; si la chose est vraie, j’en suis très-affligé.
Je n’ai plus qu’un souffle de vie, mais il est à vous.