Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7475

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 255-256).
7475. — À M. DE CHABANON.
6 février.

Je suis partagé, mon cher ami, entre le plaisir que m’ont donné les beaux morceaux de votre pièce, et la reconnaissance que je vous dois pour votre préface. Vous n’empêcherez pas les Welches d’être toujours Welches ; mais les véritables Français penseront comme vous. Votre pièce[1] serait encore plus belle si vous aviez donné plus d’étendue aux sentiments, et si l’action avait été un peu plus filée ; mais, telle qu’elle est, elle doit vous faire beaucoup d’honneur.

Ne va-t-on pas jouer incessamment le cœur[2] du sire de Coucy en ragoût ?

Nil intentatum nostri liquere poetæ.

(Hor., de Art. poet., v. 285.)

Comment gouvernez-vous Orphée-La Borde ? Est-il toujours attaché à ce maudit procès[3] contre un vilain prêtre ? Je n’ai point eu de ses nouvelles depuis près d’un mois.

On m’impute un A, B, C[4], auquel je n’ai nulle part ; mais je voudrais l’avoir fait, et qu’on n’en sût rien.

Je vous embrasse bien tendrement ; ma santé s’affaiblit tous les jours, et je crois que j’irai bientôt rendre mes respects à Corneille et à Racine.

  1. Eudoxie ; voyez tome XLIV, page 301.
  2. Gabrielle de Vergy, tragédie en cinq actes et en vers de de Belloy, fut imprimée en 1770, mais ne fut jouée que le 12 juillet 1777.
  3. Procès de Claustre, tome XXVIII, page 77.
  4. Tome XXVII, paçe 311.