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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7627

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 411).
7627. — À M. L’ABBÉ AUDRA[1].
10 auguste.

Votre ami l’abbé Morellet a fait un excellent ouvrage[2], qui pourrait bien aboutir à faire abolir la compagnie des Indes. Je voudrais qu’il fit abolir aussi des établissements beaucoup plus funestes.

L’affaire de Sirven me paraît furieusement traîner en longueur. A-t-il rencontré des difficultés ? N’est-il pas conduit par un excellent avocat ? N’a-t-il pas de bons protecteurs ? Je vous supplie de vouloir bien, quand vous aurez un moment de loisir, me mettre au fait de la situation de cet infortuné.

Il y a un académicien de Toulouse, nommé d’Arquier, qui me mande qu’on fait une souscription pour former une bonne troupe de comédiens, et que l’intention des souscripteurs est de faire représenter des pièces tragiques avec des chœurs. Je me prêterais volontiers à cette entreprise, s’il y avait en effet une bonne troupe, ou du moins une troupe qu’on pût former. Mon goût pour les beaux-arts ne finira qu’avec ma vie ; mais j’aime mieux employer mes derniers jours à servir avec vous des malheureux.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Memoire sur la situation actuelle de la compagnie des Indes.