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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7677

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7677. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
27 septembre.

Voici encore une autre requête que Chabanon me prie de présenter à mes anges. Mais qu’a-t-il besoin de moi ? pourquoi prendre un si grand tour ? Je suppose qu’il a parlé lui-même. Il s’agit d’une place de garde-marine que le chevalier de Vezieux sollicite auprès de M. le duc de Praslin. Le chevalier de Vezieux est neveu de M. de Chabanon, et recommandé par M. le duc de Nivernais. Un mot de mes anges, placé à propos, fera grand bien.

On attend à Lyon que M. de Sartines ait déclaré à un de ses amis qu’il ne se mêle point des spectacles de cette ville, et qu’il ne leur veut aucun mal. Tout se fait bien ridiculement dans votre pays welche. Si M. le duc de Richelieu avait voulu, les Guèbres auraient été joués à Fontainebleau sans le moindre murmure. Vous n’avons actuellement de ressource que dans Orangis. Il se pourrait bien que M. le duc d’Orléans priât bientôt cette troupe de venir jouer à Saint-Cloud[1] ou à Villers-Coterets : ce serait un bel encouragement. Je ne croirai les Welches dignes d’être Français que quand on représentera, publiquement et sans contradiction, une pièce où les droits des hommes sont établis contre les usurpations des prêtres[2].

Le vieux solitaire malade lève de loin ses mains aux anges.

  1. Le château de Saint-Cloud appartenait alors à la famille d’Orléans.
  2. Plusieurs mots de cette phrase se retrouvent dans le titre d’un opuscule publié par Voltaire l’année précédente ; voyez tome XXVII, page 193.