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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7728

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 510).
7728. — À M. L’ABBÉ AUDRA.
Le 10 décembre.

Mon cher philosophe, j’espère que Cicéron La Croix[1] fera rendre une pleine justice au client qu’il protège. Je salue son éloquence ; la bonté de son cœur fait tressaillir le mien. J’espère tout de vos bontés et des siennes. Je me flatte que le parlement saisira cette occasion de faire voir à l’Europe qu’il sait consoler l’innocence opprimée. M. Scherer, banquier de Lyon, doit avoir fait tenir quinze louis à Sirven pour l’aider à soutenir son procès. Je lui ai donné l’adresse de M. Chauliac, procureur. Je vous prie instamment de vouloir bien vous faire informer si cet argent a été remis à Sirven.

Il y a longtemps qu’on a envoyé un paquet[2] pour vous, suivant vos ordres, à l’adresse que vous aviez donnée. L’état déplorable où je suis ne me permet pas de dicter de longues lettres ; mais l’amitié n’y perd rien.

J’aurai l’honneur de répondre à Mlle Calliope de Vaudeuil[3], dès que la fièvre qui me mine pourra être passée. Malgré ma fièvre, voici mon petit remerciement, que je vous prie de lui communiquer :


à mademoiselle de vaudeuil

La figure un peu décrépite
D’un vieux serviteur d’Apollon
Était dans la barque à Caron,
Prête a traverser le Cocyte ;
Le maître du sacré vallon
Dit à sa muse favorite :
« Écrivez à ce vieux barbon. »
Elle écrivit ; je ressuscite.

  1. Avocat à Toulouse.
  2. Probablement Dieu et les Hommes ; voyez tome XXVIII, page 129.
  3. Son père, Drouyn de Vaudeuil, reçu premier président du parlement de Toulouse le 27 octobre 1769, exerça moins d’un an.