Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7748
Le vieux malade de Ferney remercie bien tendrement M. de La Tourrette. Une traduction de la Henriade est une preuve que les Italiens sont convertis. Vous pouviez très-bien, monsieur, m’en voyer cette traduction par la poste. M. Vasselier s’en chargerait très-volontiers. Pour le Riflessioni di in Italiano sopra la Chiesa, je ne l’ai point, et vous me ferez plaisir de me faire avoir cet ouvrage.
Il est très-vrai qu’on commence à parler bien haut en Italie, et surtout à Venise ; tous les esprits des honnêtes gens sont éclairés, et toutes les mains prêtes à fracasser l’idole. Il ne s’agit plus que de trouver quelque brave qui donne le premier coup. On m’a dit que M. de Firmian[2] est instruit et hardi, et M. de Tanucci[3], instruit, mais un peu timide. Il a osé prendre Bénévent, qui n’appartenait point au roi de Naples, et n’a pas osé prendre Castro, qui lui appartient.
Mme Denis est aussi sensible qu’elle le doit à votre souvenir. Dupuits est à sa campagne ; il vous conserve toute l’amitié qu’on a pour vous dès qu’on vous a connu : c’est ainsi que j’en use. Conservez-moi des sentiments qui me sont bien chers, et agréez l’inviolable attachement du pauvre vieillard.