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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7827

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 19).
7827. — À M. LE DUC DE CHOISEUL.
À Ferney, 17 mars.

Notre protecteur, vous ne croyez donc pas aux femmes grosses assassinées ? Tenez, voyez, lisez. Il y a huit jours que je n’ai vu votre résident ; il se peut faire qu’on vous ait caché une partie des horreurs qui se sont passées à Genève. Très-souvent on ne sait pas dans une rue ce qu’on a fait dans l’autre. Pour moi, qui suis bien malade, et qui paraîtrai bientôt devant Dieu, je vous dis la vérité telle qu’on me l’a dite. Je n’en aime pas moins mon libraire Philibert Cramer, conseiller de Genève.

Je pardonnerai, à l’article de la mort, et pas plus tôt, à M. l’abbé Terray ; et je ne pardonnerai ni dans ce monde ni dans l’autre à ceux qui voudraient vous contrecarrer : voilà ma dernière volonté. Mes petits-neveux verront Versoy, mais moi je verrai Dieu face à face ; je vous aurais donné volontiers la préférence. Agréez le profond respect du capucin, et moquez-vous de lui si vous voulez.