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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 7878

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 70-71).
7878. — À M. BERTRAND.
Ferney, 7 mai.

Je suis beaucoup plus malade, monsieur, que je ne l’étais lorsque j’ai eu la consolation de vous voir avec M. d’Osterwald. Si je reviens au monde, ce sera pour m’occuper de tout ce qui pourra servir à votre entreprise : elle m’est plus chère que la manufacture de montres que j’aie établie dans mon village, et qui prospère plus que je ne l’osais espérer.

Vous me ferez un extrême plaisir de m’envoyer la Primauté du Pape, la Législation du Divorce, et le Traité de l’amitié perpétuelle entre la Pologne et Catherine.

J’ai reçu ce que vous avez bien voulu m’envoyer par le coche. Vous me paraissez bien mieux fourni que les libraires de Genève, qui ne vendent que des romans de France et des opéras-comiques.

Je vous demande en grâce, monsieur, de ne vous point constituer en frais pour m’envoyer les livres dont vous me gratifiez. Permettez que je vous les rembourse, et envoyez-moi tout ce que vous croirez pouvoir contribuer à la petite Encyclopédie à laquelle j’aurais bien voulu travailler avec vous. J’attends surtout, avec impatience, le Traité de l’amitié perpétuelle ; mais comme il est fait par un ennemi, je crois qu’il faut s’en défier : audi et alteram partem. Tout ce que je sais bien positivement, c’est que le prince Repnin lui-même a fourni tous les mémoires à M. Bourdillon[1], et qu’il a fait imprimer deux mille Bourdillons à la Haye.

Ne m’oubliez pas, je vous prie, auprès de M. d’Osterwald.

Votre très-fidèle ami V. sans cérémonies.

  1. C’est sous ce nom que Voltaire a donné son Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne ; voyez tome XXVI, page 451.