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Correspondance de Voltaire/1770/Lettre 8129

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Correspondance : année 1770GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 290-291).
8129. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
19 décembre.

Que l’on fasse ou non la guerre aux Anglais, que le parlement fasse ou non des sottises ; moi, je fais sottises et guerre.

Mes anges recevront par M. le duc de Praslin un paquet. Ce paquet est la tragédie des Pelopides, c’est-à-dire Atrée et Thyeste. Il est vrai qu’elle a été faite sous mes yeux, en onze jours, par un jeune homme. La jeunesse va vite, mais il faut l’encourager.


Ma sottise, vous la voyez.


Ma guerre est contre les Allobroges qui ont soutenu qu’un Visigoth, nommé Crébillon, avait fait des tragédies en vers français ; ce qui n’est pas vrai.

Mes divins anges, il y va ici de la gloire de la nation.

De plus, ce nasillonneur de Brosses, président, veut être de l’Académie ; c’est Foncemagne qui veut le faire entrer. Il est bon que Foncemagne sache que j’ai une consultation de neuf avocats de Paris qui m’autorise à lui faire un procès pour dol[1].

J’enverrai cette consultation si on veut. Le président, pour détourner le procès, m’a écrit pour me faire entendre que, si je lui faisais un procès, il me dénoncerait comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n’en ai jamais fait.

J’enverrai la lettre, si on veut.

Tous les gens de lettres doivent avoir de Brosses en recommandation.

Mes anges diront à M. de Foncemagne[2] ce qu’ils voudront ; je m’en remets à leur bonté, discrétion, prud’homie, et à leur horreur contre de tels procédés.

  1. Voyez page 278.
  2. Voyez lettre 8120.