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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8252

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Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 398-399).
8252. — À M. DE MENOU[1].
À Ferney, 22 mars.

Si j’étais en vie, monsieur, je passerais les jours et les nuits à faire ce que vous désirez ; mais ayant soixante et dix-sept ans passés, étant aveugle, ayant la goutte, je vous prie de m’excuser et de me regarder comme mort. Si jamais je ressuscite, et si votre légion va au-devant de Mme la comtesse d’Artois, je serai alors à votre service. Mais dans le moment présent il n’y a pas moyen ; et au lieu des divertissements que vous me demandez, je vous demande un De profundis. On ne peut être plus affligé que je le suis d’être mort, et plus affligé de ne pas profiter de l’occasion que vous me donnez de faire quelque chose qui vous soit agréable.

Je présente mes respects à messieurs les officiers de la légion du fond de mon tombeau.

J’ai l’honneur d’être, avec les mêmes sentiments, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.