Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8268
M. d’Argental m’avait bien mandé, mon cher marquis, que vous aviez été malade ; mais je ne croyais pas que la chose eût été si sérieuse ; votre lettre m’a fait trembler. Mais vous me rassurez, puisque vous demandez une montre à répétition. Je trouverai votre affaire avant qu’il soit peu ; vous aurez une bonne montre, et à bon marché. Puissiez-vous compter les heures pendant cinquante ans ! Pour moi, je distingue à peine actuellement le cadran d’une montre ; je suis aveugle, et bientôt il n’y aura plus d’heures ni de minutes pour moi. [1] Mme Denis me charge de vous dire combien elle est sensible au danger que vous avez couru, et elle vous sera toujours très-attachée, aussi bien que son vieil oncle l’aveugle.
Quand vous m’écrirez, je vous prie de m’écrire à Gex, attendu les changements qui viennent d’être faits dans la poste. Ayez aussi la bonté de dire à M. d’Argental de m’écrire à Gex.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et Francois.