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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8393

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Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 533).
8393. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
21 octobre.

Mon cher ange, il faut que je vous avoue qu’ayant été malade, et voulant mettre de l’ordre dans mes affaires, j’ai brûlé tous mes papiers pour avoir plus tôt fait. Votre lettre, dans cette expédition, a malheureusement suivi le sort de mes paperasses ; mais je crois n’avoir pas tout à fait perdu la mémoire de vos ordres.

N’y a-t-il pas cinq montres à vous envoyer ? Parmi ces cinq montres, n’y en a-t-il pas deux à répétition, l’une qu’on veut payer dix-huit louis, et l’autre dix-sept ? Elles ont été toutes deux commandées sur-le-champ ; celle de dix-sept ne vaudra pas l’autre. Vous aurez les trois montres sans répétition dans le même temps. J’adresserai le tout à M. d’Ogny, si vous le trouvez bon ; il me fait de ces petits plaisirs-là quelquefois, et j’aurai le temps d’attendre vos instructions, que je ne brûlerai plus.

Je vous avais prié de vouloir bien dire un mot en faveur de notre pauvre colonie à M. le duc d’Aiguillon ; mais heureusement il a prévenu vos sollicitations par la lettre la plus obligeante. Ainsi, je ne vous supplierai que de lui parler de ma reconnaissance, quand l’occasion s’en présentera.

Je ne sais si vous êtes à Fontainebleau ou à Paris ; mais si vous voyez notre Lekain, ayez la bonté de lui dire que je suis aussi sensible à ses succès que lui-même.

Les affaires d’Afrique et d’Argos[2] iront comme elles pourront. Comme le traité a été fait il y a longtemps, il est bien difficile d’y ajouter de nouvelles clauses. Ce sera pour le congrès, qui ne se présentera pas sitôt. Il faut laisser passer Pierre le Cruel[3], et la dame de Padilla, et tous ceux qui voudront passer. Mes jeunes candidats savent attendre, et le vieil ermite de Ferney sait vous aimer jusqu’à son dernier soupir.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Sophonisbe et les Pélopides.
  3. Pierre le Cruel, tragédie de de Belloy.