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Correspondance de Voltaire/1771/Lettre 8406

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Correspondance de Voltaire/1771
Correspondance : année 1771GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 47 (p. 543-544).
8106. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].
15 novembre.

Le vieux malade vous doit une réponse, mon cher marquis ; son état ne lui permet pas d’être le plus exact des correspondants. Il n’en est pas moins sensible. Vous aurez votre montre, que notre pauvre colonie a faite à très-bon marché, et qui est très-bonne. Vous aurez les Pelopides du jeune homme, qui ne sont pas bons, mais qui valent cent mille fois mieux que le Visigoth Atrée du barbare Crébillon. Mais il ne sait comment vous adresser le paquet. Démenez-vous un peu, et tâchez d’attraper quelque contre-seing. Portez-vous mieux que moi. Mme Denis est toujours bien paresseuse ; mais que voulez-vous qu’on vous mande du mont Jura ? C’est à messieurs les Parisiens, qui sont au centre des belles nouvelles, à réjouir les campagnards casaniers.

Nous avons, dans un de nos villages, une troupe de comédiens qu’on dit assez bonne. Je n’y vas jamais. Il y a une mademoiselle Camille[2], grande fille, bien faite, belle voix, de l’esprit, de l’âme. Pourquoi l’avez-vous laissée aller ? Vous auriez formé cela.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Elle entra à la Comédie-Italienne, et y réussit. (A. F)