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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8571

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 122-123).
8371. — À M. L’ABBÉ DU VERNET.
À Ferney, juillet.

Il y a, monsieur, trop de miracles et trop de vers dans ce monde ; mais il n’y a jamais trop d’une prose aussi agréable que la vôtre. Le solitaire octogénaire vous prie, monsieur, de lui faire avoir l’Épître de Boileau[1], dont on lui a tant parlé et qu’il n’a jamais vue. Vous pourriez la lui envoyer sous le contre-seing de M. de Sauvigny, dont vous vous êtes servi quelquefois.

Ce n’est point contre les Questions sur l’Encyclopédie que M. l’évêque de Tréguier[2] devrait être en colère, mais contre ceux qui ont abusé de son nom pour imprimer une Lettre de Jésus-Christ. Je ne doute pas que Jésus-Christ n’ait écrit cette lettre ; mais, dans les règles de l’honnêteté, on ne publie jamais les lettres d’un homme sans sa permission. À l’égard des miracles que vous avez vus à Paris chez un cabaretier, rue des Moineaux, ces messieurs sont dans l’habitude d’en faire tous les jours depuis les noces de Cana, et les convulsionnaires en ont fait pendant vingt ans de suite dans les cabarets et dans les cimetières.

  1. Voyez lettre 8530.
  2. Voyez, tome XX, la seconde section de l’article Superstition, qui faisait partie de la huitième partie des Questions sur l’Encyclopédie.