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Correspondance de Voltaire/1772/Lettre 8627

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Correspondance : année 1772GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 171-172).
8627. — À M. D’ALEMBERT.
16 septembre.

Mon cher philosophe, ce siècle-ci ne vous paraît-il pas celui des révolutions, à commencer par les jésuites, et à finir par la Suède, et peut-être à ne point finir ? Voici une révolution qui m’arrive à moi. Vous avez sans doute entendu parler d’un abbé Pinzo, qui a écrit ou laissé écrire sous son nom une lettre à la Jean-Jacques, prodigieusement folle et insolente. On a imprimé cette lettre l’imprimeur s’est servi de mon orthographe ; les sots l’ont crue de moi, et un fripon la envoyée au pape : voilà où j’en suis avec Sa Sainteté. Elle est infaillible, mais je ne sais si c’est en fait de goût, et si elle démêlera que ce n’est pas là mon style.

Mandez-moi, je vous prie, ce que c’est que cet abbé Pinzo, et, au nom du grand être dont Ganganelli est le vicaire, dammi consiglio.

Nous avons ici Lekain ; il enchante tout Genève. Il a joué dans Adélaïde du Guesclin : il jouera Mahomet et Ninias, après quoi je vous le renverrai.

Voici mon petit remerciement au remerciement de M. Watelet.

Je vous embrasse de toutes mes forces.