Aller au contenu

Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8738

La bibliothèque libre.
8738. — À M. LE MARQUIS DE THIBOUVILLE[1].

Il y a, vous dis-je, des tripots qui sont ingouvernables : le roi n’a pu parvenir à mettre la paix dans Genève, et vous ne parviendrez jamais à la mettre chez les comédiens de Paris. M. d’Argental s’est bien donné de garde de m’avouer les dégoûts que le tripot vous a donnés à tous deux ; c’est un ministre qui ne veut pas révéler la turpitude de sa cour ; vous êtes plus confiant, monsieur le marquis.

Après tout, on dit que le carême est tout aussi bon pour les sifflets que le carnaval : il importe assez peu qu’Alcydonis soit devant ou derrière.

Je n’ai jamais entendu parler de ce drame en prose. On ne sait plus de quoi s’aviser. Il me semble que nos Welches font tout ce qu’ils peuvent pour se rendre ridicules. Vous qui êtes un vrai Français, plein de grâces et de bon goût, soutenez bien l’honneur de la nation.

On fera l’impossible pour retarder le débit des Lois de Minos, puisqu’on retarde à Paris la représentation ; je ne sais pourquoi on veut nommer la pièce Astérie, puisqu’elle est connue partout sous le titre des Lois de Minos ; mais je ne m’oppose à rien, tout m’est bon, pourvu que vous soyez content.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François. — C’est à tort, selon nous, que les éditeurs ont classé cette lettre en octobre 1773. Elle ne peut être que de janvier. (G. A.)