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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8760

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 299-300).
8760. — À M. IMBERT[1].
À Ferney, 5 février.

Vous avez bien voulu, monsieur, m’écrire quelquefois ; je m’adresse à vous dans une occasion où je crains de fatiguer monsieur le chancelier et M. de Sartines, occupés tous deux de plus grandes affaires que de celles d’un libraire. J’ai déjà porté mes justes plaintes à M. de Sartines de la contravention d’un nommé Valade, libraire de la rue Saint-Jacques, qui, sans approbation ni privilège, a imprimé et publié, sous le titre de Genève, les Lois de Minos entièrement défigurées. Il faut que quelque gagiste de la Comédie lui ait vendu clandestinement un mauvais manuscrit, auquel on aura cousu quelques vers pour grossir l’ouvrage. Le libraire Valade aura trompé le censeur royal et lui aura fait accroire que le manuscrit venait de moi.

Comme je n’ai presque aucun commerce avec Paris, je ne connais aucun censeur des livres. Je vous prie, monsieur, de vouloir bien m’indiquer celui à qui Valade a pu s’adresser, afin que je le supplie de vouloir bien prendre les mesures nécessaires pour arrêter le débit de cette édition furtive.

Je viens d’apprendre que ce même Valade a été l’imprimeur des Trois Siècles et d’une lettre à moi adressée, qui sont, dit-on, des libelles diffamatoires composés par un nommé Sabatier et par un nommé Clément, remplis des plus horribles calomnies.

J’ignore quel est le secrétaire de la librairie qui a succédé à M. Marin. Mon âge et mes maladies m’ont privé de toute correspondance avec les gens de lettres. Souffrez que je vous rappelle ici les sentiments avec lesquels vous m’avez prévenu. Je vous supplie de me les continuer et de vouloir bien montrer ma lettre à M. de Sartines.

J’ai l’honneur, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.