Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8789
Quoique j’aie tout lieu de croire, monsieur, que vous ne m’aimez plus, je serais très-fâchée que vous me soupçonnassiez de la même indifférence. J’ai été très-alarmée d’entendre dire que vous étiez fort malade ; je n’ai point passé de jour sans m’informer de vos nouvelles ; les dernières me rassurent beaucoup, j’espère qu’elles me seront confirmées par vous-même.
Vous ne m’avez point écrit depuis ma dernière lettre, qui était du mois de novembre : d’où vient ce silence ? Je vous remerciais de la lecture que vous m’aviez procurée des Lois de Minos ; je vous disais tout le bien que j’en pensais.
Je ne veux point croire que l’on puisse jamais réussir à vous refroidir pour moi ; vous avez sans doute des amis plus éclairés que moi, et dont les approbations et les louanges doivent vous flatter davantage ; mais souvenez-vous que vous n’en avez pas de plus anciens, et dont l’attachement soit plus constant, plus tendre et plus sincère.
- ↑ Correspondance complète, édition de Lescure, 1865.