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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8830

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 365).
8830. — À M. LE DOCTEUR MARET[1].
À Ferney, 28 avril.

Monsieur, je n’ai nul talent pour les inscriptions. Celles qu’on fait en vers français sont toujours languissantes, à cause de la rime, des articles, et des verbes auxiliaires. Le latin est bien plus propre au style lapidaire. Il faut toujours deux vers pour le moins en français, il n’en faut qu’un en latin. J’oserais proposer ce vers iambe :


Musarum amicus, judex, patronus fuit[2].


Mais je ne le propose qu’avec une extrême défiance de moi-même. Il vous sera très-aisé d’en faire un meilleur. Vous avez le bonheur de jouir de la société de M. de Gerland[3], vous serez mieux inspiré que moi. Le triste état où je suis influe, comme vous savez, sur les facultés de ce qu’on appelle âme ; le zèle ne donne point d’imagination.

Je vous prie de l’assurer de mon très-tendre attachement, et de croire que je suis avec les mêmes sentiments, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Voyez page 18.
  2. Je ne sais si cette inscription fut composée pour le portrait ou le buste du
    président de La Marche, ou pour le président de Ruffey. Le premier mourut en
    1768 ; le second. M. de Ruffey, vivait encore en 1777. (Cl.)
  3. Legouz de Gerland.