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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 8984

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 506-507).
8984. — À M. MARIN[1].
À Ferney, 26 novembre.

Vraiment, non-seulement il était huguenot, mais il était prédicant, le traitre[2] ! Et il avait été reçu en cette qualité en 1745. C’était un plaisant apôtre. Je ne crois pas qu’il y ait rien dans le monde de plus bas, de plus lâche, de plus insolent, de plus fripon que cette canaille de la littérature : vous devez vous en apercevoir, mon cher ami.

Votre affaire va-t-elle son train ? Je ne la puis encore regarder comme une affaire sérieuse. Il est impossible qu’elle vous fasse le moindre tort. On débite que M. de Goezmann va être premier président en Corse. Je vous ai prié de m’en dire des nouvelles. Vous savez que je vous ai promis de ne croire que ce que vous me diriez.

Linguet est-il toujours exilé ?

Voulez-vous bien avoir la bonté d’épargner un port de lettre à notre ami La Harpe, et… une pour M. d’Argental ? V.

P. S. On dit que ce pauvre Baculard[3] a fait une grande perte par trop de confiance. La même chose m’est arrivée. Nous autres gens de lettres, nous sommes assez sujets à ces petits inconvénients. Conservez toujours un peu d’amitié au vieux malade. V.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. La Beaumelle.
  3. Qui avait aussi son rôle dans l’affaire Goezmann.