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Correspondance de Voltaire/1773/Lettre 9014

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Correspondance : année 1773GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 533).
9014. — À M. MARIN[1].
30 décembre.

En voici bien d’une autre ! l’affaire de M. de Goezmann tourne assez mal ; mais je suis toujours pour ce que j’en ai dit. Il ne me paraît pas possible que vous soyez le moins du monde inquiété pour cette tracasserie. Beaumarchais a plus d’esprit que le Bedlam de Londres et les Petites-Maisons de Paris réunis. Il faut qu’il ait eu le diable au corps de vous mêler dans ce procès, auquel vous êtes si étranger. Il n’avait qu’à s’en tenir à certaine minute de Le Jay, corrigée de la main de M. Goezmann. Il semble qu’il cherche des ennemis, et qu’il aime à se battre seul contre une armée. Je me flatte que cette maudite affaire n’altère point votre tranquillité.

Je vous prie, mon cher monsieur, de vouloir bien avoir la bonté de faire parvenir l’incluse à M. de La Harpe ; il est plus à plaindre que tous ceux qui ont des procès, car il n’a pas de quoi en avoir un.

Je vous supplie de vouloir bien me mander le résultat de la tracasserie que Beaumarchais vous a faite ; il vous doit assurément une réparation.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.