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Correspondance de Voltaire/1774/Lettre 9034

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Correspondance de Voltaire/1774
Correspondance : année 1774GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 48 (p. 549).
9034. — À M. D’ÉTALLONDE DE MORIVAL.
17 janvier.

M. Misopriest[1], monsieur, a reçu votre lettre du 2 de janvier ; il a écrit sur-le-champ à Sa Majesté[2]. Il lui demande très-instamment un congé d’un an pour vous. Il est d’ailleurs instruit de votre situation, et a promis d’avoir soin de vous. M. Misopriest lui répond que vous lui ferez de très-belles recrues dans le pays où vous devez rester quelque temps pour vaquer à vos affaires. C’est à une lieue de la Suisse, de la Savoie, de Genève, et de la Franche-Comté ; vous y serez aussi en sûreté qu’à Vesel.

Ne vous adressez ni à père ni à frère. Si vous avez besoin de quelque argent pour aller de Vesel à Genève, vous pourrez en prendre, sur cette simple lettre, chez M. Marc-Michel Rey, à Amsterdam, qui, sur ma signature (Voltaire), vous fournira ce petit viatique avec sa générosité ordinaire, et auquel je rembourserai sur-le-champ cet argent par la voie de Genève. Vous n’aurez pas la plus légère dépense à faire dans le château de Ferney. C’est à vous à voir, monsieur, si vous voulez écrire aussi au roi. Je lui demande un congé d’un an ; je lui promets des recrues[3] ; je lui parle de la passion que vous avez pour son service. Tout serait manqué, s’il nous refusait ce congé.

C’est de là que dépend votre destinée, à laquelle je m’intéresse bien vivement.

  1. Ce mot signifie ennemi des prêtres.
  2. Ce doit être la lettre 9032.
  3. Le roi non-seulement dispensa M. de Morival de faire des recrues, mais encore lui recommanda de ne s’occuper que de ses affaires particulières, et lui donna un congé illimité. (K.)