Correspondance inédite de Hector Berlioz/041

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 165-166).
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XLI.

AU MÊME.


Londres, 6 mars [1848].

Mon cher Morel,

Que devenez-vous ? Pourquoi ne m’écrivez-vous pas un mot ? Où en sont vraiment les affaires musicales ? Je l’ai demandé à Desmarest il y a huit jours et, comme de raison, il ne m’a pas répondu. Il faut convenir que Paris est un aimable séjour, et que c’est là, surtout, qu’on peut s’écrier comme je ne sais quel ancien : « O mes amis ! il n’y a plus d’amis ! » Que le feu du ciel et celui de l’enfer se réunissent pour brûler cette damnée ville… Quand serai-je donc arrivé à ne plus songer à ce qu’on y fricotte !… J’espère que nous allons au moins être débarrassés du droit des hospices sur les concerts ; j’espère qu’il n’y aura plus de subventions pour nos stupides théâtres lyriques ; j’espère que les directeurs de ces lieux s’en iront comme ils sont venus, et au plus vite ; j’espère qu’il n’y aura plus de censure pour les morceaux de chant ; j’espère enfin que nous serons libres d’être libres, sinon nous avons une nouvelle mystification à subir.

Que devient M. Bertin ? On dit ici qu’il se cache… Que deviennent tous nos précieux ennemis (precious villains), comme dit Shakspeare ?