Correspondance inédite de Hector Berlioz/052

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 185-186).
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LII.

À JOSEPH D’ORTIGUE.


[Londres], 23 mars [1852].

Mon cher d’Ortigue,

Je t’écris trois lignes pour que tu saches que j’ai obtenu hier soir un succès pyramidal. Redemandé, je ne sais combien de fois, acclamé et tout (sic) comme compositeur et comme chef d’orchestre. Ce matin, je lis dans le Times, le Morning Post, le Morning Herald, l’Advertiser et autres, des dithyrambes comme on n’en écrivit jamais sur moi. Je viens d’écrire à M. Bertin pour que notre ami Raymond, du Journal des Débats, fasse un pot-pourri de tous ces articles et qu’on sache au moins la chose.

La consternation est dans le camp de la vieille société philharmonique. Costa et Anderson boivent leur bile à pleins verres.

Je n’ai pu faire entrer à Exeter Hall qu’une de tes dames ; mais l’autre a trouvé le moyen d’entrer aussi (en payant, je le crains). Enfin, sois content. Tout va bien. J’ai un fameux orchestre et un admirable entrepreneur (Beale) qui ne lésine pas. Depuis hier, il est à moitié fou de joie. C’est un grand événement pour l’art musical ici et pour moi que ce succès. Les conséquences n’en sont guère douteuses, à ce que chacun dit.

Adieu, mille amitiés. Va voir Brandus, si tu en as le temps, et prie-le de tirer la moelle des journaux anglais pour sa Gazette. C’est curieux, je t’assure.