Correspondance inédite de Hector Berlioz/095

La bibliothèque libre.
Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 263-264).
◄  XCIV.
XCVI.  ►


XCV.

À M. AUGUSTE MOREL.


Paris, 13 février 1859.

Mon cher Morel,

Ou en êtes-vous de vos répétitions ? donnez-moi donc de vos nouvelles. J’ai vu deux fois dernièrement M. de Rémusat, qui ne m’a rien appris de précis au sujet de votre opéra. Ici, rien de nouveau ; à l’heure qu’il est, on refait encore certaines scènes de l’Herculanum de David. On nous annonce pour la fin du mois le Faust de Gounod, dont je crois qu’il faut bien augurer. On en dit beaucoup de bien.

Louis va arriver dans un mois, j’espère ; soyez assez bon pour lui remettre la lettre ci-jointe. Je compte le retrouver tout à fait sérieux, et décidé à travailler vaillamment pour son examen. J’ai été bien malade il y a six semaines ; je commence à me remettre, grâce aux soins du fameux docteur Noir, le sauveur de notre ami Sax. Vous savez que Sax avait un cancer mélanique à la lèvre supérieure ; il était condamné par toute la faculté de Paris. Et le voilà radicalement guéri ; son affreux bubon de la lèvre est tombé, il n’y paraît plus. Jeudi prochain, les amis de Sax, en très grand nombre, donneront au docteur Vriès (c’est son nom) un dîner à l’hôtel du Louvre, qui promet d’être fort gai et même musical.

Les Troyens sont toujours là, attendant que le théâtre de l’Opéra devienne praticable. Après David, nous aurons le prince Poniatowski ; après le prince, nous aurons le duc de Gotha, et, en attendant le duc, on traduira la Sémiramide de Rossini.