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Correspondance inédite du marquis de Sade/1783

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Texte établi par Paul BourdinLibrairie de France (p. 191-198).
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1783


La marquise, encore souffrante de maux de nerfs venus avec l’hiver et à la suite d’un rhume, emploie la Jeunesse, qui a de l’instruction et une belle main, à écrire aux fermiers pour avoir de l’argent. Elle n’est pas quitte de drogues et son secrétaire non plus. Les réponses sont d’ailleurs peu encourageantes : l’année s’annonce mal, la sécheresse et le froid sévissent en Provence, la navigation sur le Rhône est interrompue, la guerre sur mer a consommé beaucoup de bois, et les plus beaux arbres de Lavelan, terre roturière dépendant de la Coste, ont été marqués pour la marine ; par contre, avec la paix, qui va bientôt être signée (c’est Lions qui le dit et le Mercure le confirme), les blés tomberont en pleine mévente. Gaufridy multiplie les propositions, mais ne parvient pas à libérer le seigneur envers le bureau des pauvres dont les recteurs décident d’écarter son viguier de leurs délibérations. Les murs du château tirent chacun de son côté et les lézardes descendent jusqu’au sol ; cependant mademoiselle de Rousset envisage encore des agrandissements et de nouvelles dépenses.

La dévote maison où s’est retirée la marquise ne lui a pas porté bonheur. C’est la quatrième fois qu’elle y est malade. Ses attaques de nerfs ont repris, suite cette fois de ses chagrins. On lui donne de l’émétique ; on la saigné du pied deux fois, après douze jours de saignées blanches. Potions, tisanes, eau de Vichy. Si elle s’enrhume, on ajoute du lait coupé avec de l’eau d’orge. Telles étaient et sont encore les grandes ressources de l’art de guérir : d’un côté les remèdes de bonne femme, de l’autre le scalpel, l’inconnu entre deux. Madame de Montreuil, qui n’a point de nerfs, attribue tout à la fièvre. Mais la souffrance a sa vertu : « Avec un peu de dévotion, je serais parfaite », écrit la patiente, qui se déclare prête à payer de ce prix la grâce qu’elle supplie le ciel de lui accorder. Cependant elle engraisse et l’on se moque d’elle lorsqu’elle parle de ses incommodités. La Jeunesse lui aussi est retombé en maladie : ce sont des humeurs « qui veulent se fixer sur sa poitrine. »

La marquise, qui voit partout des attaques de nerfs, attribue à la même cause la recrudescence des maux de mademoiselle de Rousset. Si ses crachements de sang venaient de la poitrine, il y aurait longtemps que la double saignée en aurait eu raison ! Il lui faut des remèdes très doux. Les deux femmes se plaignent doucement en se contant leurs misères comme des vieilles, mais leur commune pitié ne s’adresse qu’à elles-mêmes car la curiosité d’autrui et la médisance qu’elle engendre sont les manifestations les plus tenaces de la vie.

Les insinuations contre Gaufridy prennent un tour plus vif et plus net. Mademoiselle de Rousset l’accuse de ne pas avoir remis au commandeur toute l’argenterie ; la marquise n’y contredit pas et s’étonne seulement qu’il n’en ait pas gardé davantage. Mais l’avocat est fin ; il ne faut pas se couper avec lui et attendre, pour lever le masque, que l’on n’ait plus rien à en craindre. Il doit avoir chez lui des papiers importants pour les seigneurs, dont son père a géré les biens sous le feu comte. Il convient donc de se garder, de recueillir les on-dit, de sonder adroitement, de tout ménager, même sa jalousie. Au fond il semble bien que madame de Sade craigne de le peiner ou, au moins, de le perdre. Elle le complimente sur l’honnêteté de ses procédés avec mademoiselle de Rousset, lui dit être bien sûre qu’il continuera à faire pour le mieux et que les affaires de M. de Sade ne sauraient être en meilleures mains que les siennes !

Ces bavardages et ces petites traîtrises n’aboutissent à rien. Gaufridy n’a pas été nommé juge à la mort du vieux Rayolle, mais l’avocat Ripert, si honnête homme, non plus. C’est Rayolle le fils qui a eu la place, par commission du parlement donnée en l’absence du seigneur.

Le marquis continue du reste à n’avoir cure de ce qui se passe sur ses terres. La désagréable affaire que la communauté de Saumane fait au viguier Pépin ne parvient même pas à le tirer de son apathie. Il se borne à promettre de rendre justice à sa sortie et déclare qu’au demeurant ce n’est pas à Gothon, mais à lui-même, que Pépin a donné de l’argent au moment de son entrée en charge et que la chose est conforme aux usages. Madame de Sade estime qu’il vaut mieux que le silence se fasse là-dessus.

M. de Sade n’y voit quasiment plus d’un œil. C’est la fumée dont sa chambre est pleine, les lectures tardives et la rage dont il est possédé qui en sont cause. L’oculiste Grandjean le soigne, mais les remèdes qu’il lui donne ne font point d’effet et l’homme de l’art, à dire vrai, n’y comprend rien. Les gardiens pensent que c’est un jeu de la part du captif, mais il est très possible, écrit la marquise, que cela ne soit pas. Au fait M. de Sade se plaint encore de ses yeux longtemps après sa sortie de prison. Il exagère peut-être, mais il ne feint pas.

Le marquis ne met aucune suite dans ses manières. Un beau jour il s’apaise, allant jusqu’à louer ses geôliers, et cette platitude produit un effet incroyable ; le lendemain il recommence ses invectives contre les auteurs de son emprisonnement, et cela détruit tout. La foudre est tombée sur le donjon de Vincennes, mais elle n’a fait que quelques trous aux murs pour le passage des souris. Quand le captif sortira-t-il ? Sa femme attend ce jour, le veut, y travaille et se désole. Le bonheur viendra quand elle n’y pensera plus et qu’il ne sera plus en ses moyens de le goûter.

Elle goûte du moins quelques consolations auprès de ses enfants, bien qu’elles soient assez mêlées. L’aîné est plus grand qu’elle, mais il est sujet à des accès de fièvre rouge ; la fille est tardive en tout et l’on ne voit pas encore ce qu’elle sera, quoi que puissent promettre les dames de Sainte-Aure ; le chevalier est aussi grand et plus gros que son frère. Ses preuves de noblesse ont été reçues, en dépit de l’insouciance de son oncle le commandeur qui honore chacun de son silence. Il a manqué par sa négligence les deux grands prieurés de Toulouse et de Saint-Gilles, et comment exiger d’un homme qui ne se remue pas pour lui-même qu’il le fasse pour les autres ? On le respecte pour l’argent qu’il a et pour le bien qu’il pourrait faire de son vivant à son petit neveu ; le plus sage est de se taire.

Toute la famille a d’ailleurs adopté la règle du silence et la marquise n’a pas plus de relations avec les proches de son mari qu’avec le Grand-Turc. Les deux tantes religieuses encore vivantes, la tante Villeneuve ne donnent point signe de vie et il faut pour les tirer de leur sommeil quelque occasion de vanité, de profit ou de gourmandise. La marquise consent à ce qu’on leur accorde ce qui leur met le cœur en joie : un lapin, des perdrix, de l’huile, de la déférence à leurs rogatons. Ce sont des misères.

Au vrai la dame a trop besoin d’argent pour qu’on la recherche sans nécessité. Le marquis ne cesse de jeter ses notes de dépenses au travers des calculs de sa femme. Gaufridy, les régisseurs locaux et les fermiers sont sur les dents. Le sage Lions lui-même finit par s’émouvoir et trouve qu’on le paie bien peu du mal qu’on lui donne. Il reçoit, comme au temps du feu comte, six septiers de blé à la récolte et un agneau au printemps. Mais les gratifications qu’il touchait alors sont passées de pratique. Il est fâché de travailler pour des ingrats.

Madame de Sade ne mérite qu’à moitié ce reproche. Elle s’oublie, mais croit que tout lui est dû, dès lors qu’elle ne travaille que pour autrui. Elle s’agite, intrigue, trotte et ne s’arrête guère que pour rafraîchir son corps et le purger préventivement.

Le départ de M. d’Ormesson et le remaniement du ministère lui donnent quelque espoir. L’ancien ministre était bête et ses réponses lui tournaient le sang. Le nouveau a plus d’esprit, mais il a trop à faire et ne l’entend point.

Gaufridy se conduit bien avec mademoiselle de Rousset dont le mal empire. Elle est lasse de souffrir, mais envisage encore son sort avec détachement et clairvoyance et traite l’avocat plus honnêtement. « Si j’étais Anglaise, lui écrit-elle, je me brûlerais la cervelle ; Française…, je crains de mourir. » Les choses d’Angleterre sont alors à la mode.




La marquise serait aussi dévote qu’il convient de l’être à Sainte-Aure si le bon Dieu faisait ce qu’elle veut. (25 janvier 1783).

……Ma santé se rétablit. La Jeunesse est retombé malade. Voilà huit mois qu’il traîne ; c’est une humeur qui veut se fixer sur sa poitrine et moi ce sont des attaques de nerfs suite des chagrins que j’ai.

Dites mille choses de ma part à madame Gaufridy et à mademoiselle de Rousset, et à cette dernière que je lui écrirai au premier jour et qu’elle ne soit pas jalouse si je commence par vous. Vous lui ajouterez que je suis très digne habitante de Sainte-Aure parce que, depuis que j’y suis, voilà ma quatrième maladie. Un peu de dévotion avec cela me rendrait une créature parfaite. Si le bon Dieu faisait ce que je voulais, comme je serais dévote ! Lisez-lui tout cela, elle rira, connaissant le local……


Mademoiselle de Rousset demande à l’avocat de dire au procureur et au viguier comment ils doivent s’y prendre pour faire observer les ordonnances. (7 février 1783).

Le garde trouva hier dans sa tournée, monsieur l’avocat, un homme qui faisait abattre un beau chêne, dans son terrain à la vérité. Sur les représentations qu’il lui fit, il lui répondit qu’il voulait faire de l’argent, avec un ton insolent bien entendu. J’ai prié M. le viguier et le procureur juridictionnel de se transporter sur la place afin de juger par eux-mêmes de la qualité et de la bonté du chêne ; ils ont trouvé l’homme en faute, ils le lui[1] ont dit. Cet homme a répondu qu’il était maître chez lui. Le viguier lui a répondu honnêtement que non, qu’il fallait respecter et suivre les ordonnances et qu’en conséquence il lui enjoignait de suspendre son travail jusqu’à nouvel ordre. L’homme a répondu qu’il enjoignait à son homme de journée, qui était présent, de continuer son ouvrage et de ne point s’arrêter à la visite du viguier et du procureur juridictionnel. Le viguier piqué a pris en témoin de sa rébellion l’homme de journée et le garde qui les avait accompagnés. Cela forme deux témoins. Quelle marche faut-il tenir pour cela, monsieur l’avocat ? Si les officiers du seigneur sont méprisés par un insolent paysan, que ne feront les autres !… Il s’est fait tout l’hiver un hachis de bois bien criant. Les bourgeois le[2] favorisent parce qu’ils l’achètent pour leur tirage. Dites-moi bien clairement s’il faut fermer les yeux sur tout, parce qu’alors les officiers ne feront plus de fausses démarches. S’il y a des moyens, je vous prie de les indiquer aux officiers. Les fourniers continuent de couper de suite les petits chênes de la montagne ; le bois est sans distinction pour eux. Le garde qui les trouva sur le fait leur en fit des reproches ; ils balbutièrent je ne sais quoi. J’en ai parlé à M. Perrottet qui m’a dit qu’il en parlerait aux consuls……

Il n’est plus à douter que nous n’ayons la paix. Le Mercure dernier nous apprit cette bonne nouvelle. S’il allait se dédire dans le suivant, au lieu de me l’envoyer je vous prie de le brûler……


La marquise entretient mademoiselle de Rousset de la santé et de l’humeur de M. de Sade ; elle partage les soupçons de son amie à l’encontre de l’avocat, mais croit nécessaire de le ménager. Rousset a bien du mérite de rester à la Coste. (7 février 1783).

……Par ce que vous me marquez de votre fille de service, je vois que vous avez une peine de chien et que cette espèce se ressemble partout……

Ma sœur est mariée ; je lui ai fait un présent dont je ne pouvais me dispenser et cela m’a arriérée de manière que je suis sans le sol.

Je suis inquiète de la vue de M. de S. Il y a peu de temps qu’il prétend qu’il n’y voit pas d’un œil. Il en souffre ; il n’y paraît rien. Grandjean, qui a été le voir, prétend qu’il est très possible qu’il ait un brouillard, que la fumée de sa chambre est bien propre à lui faire beaucoup de mal. Il lui a ordonné quelque chose qu’il prétend dissipera cela entièrement sous peu, et voilà huit jours qu’il le fait et il n’y voit pas mieux. L’on prétendit que c’était un jeu de sa part, mais il est très possible que cela ne soit pas. J’espère le voir sous peu de jours. M. le N.. me l’a fait espérer et m’a ajouté qu’il se conduisait bien depuis quelques jours. Dans la lettre qu’il m’a écrite, il m’a marqué du bien de M. le N.., de V.. et du chirurgien. Vous n’imaginez pas combien cette platitude a fait effet en sa faveur, au point que je vois que, s’il y avait de la continuité dans ses écrits, on changerait de façon de penser à son égard. Je compte bien lui dire, pour qu’il continue. Je vous dirai que j’ai la plus grande foi à vos rêves presque autant qu’à la justesse de vos idées. Je désirerais bien qu’ils se réalisent et que M. de S.. fût bientôt en Provence pour y être avec lui……

J’ai eu vingt fois envie d’écrire à Gaufridy de m’envoyer l’inventaire de la Coste. Comme vous me marquez que vous me direz la manière dont il faut le faire, j’attends ce que vous m’écrirez pour m’y conformer……

Pour l’argenterie, cela ne m’étonne pas qu’il en ait gardé ; je suis étonnée qu’il n’en ait pas gardé davantage…… Avec les gens fins il ne faut pas se couper et, plus ils sont reconnus, plus il faut les ménager jusqu’à l’époque raisonnable où on ne les craigne plus……

Je sens tout le prix de votre amitié de rester avec des originaux qui sont méchants et mordants même, mais en même temps sentent leur motif. Vous avez trop d’esprit pour vous affecter et prendre garde à de pareilles espèces méprisables par leur conduite et leur motif. La manière de les punir, c’est de les mépriser. Oui, mademoiselle, nous causerons un jour, et ce ne sera pas une petite satisfaction pour M. de Sade et pour moi de nous rappeler toutes les obligations que nous vous avons, toute notre sensibilité à votre amitié. Ce sera un trio d’amitié où la franchise sera et est déjà pour base, où, rassemblant toutes nos preuves, nous jugerons sûrement de tout. Vous croyez bien que je voudrais y être……

Il y a longtemps que je soupçonne G.. d’avoir dans son étude des papiers importants pour le seigneur et voilà pourquoi il faut le ménager jusqu’à ce qu’on les ait. Son père a été régisseur. Je ramasse de côtés et d’autres ce que j’ai entendu dire ; ce que vous me marquez confirme mes soupçons……


Mademoiselle de Rousset, écrivant à Sambuc, donne un exemple du ton (si opposé aux façons brusques et impérieuses de Gothon !) qu’elle emploie avec les gens de la Coste.

J’ai eu l’honneur de vous écrire ce matin, monsieur. Toute lettre mérite une réponse. Un ministre répond à un Savoyard qui lui écrit ; je crois que je mérite au moins une égale considération de votre part. J’ai eu l’honneur de vous prévenir que je n’en voulais pas une verbale ni par commission ; je vous écris, je vous déclare les intentions de M. et de madame de Sade ; j’ai droit de vous la demander et de l’attendre pour remplir comme il faut ma mission ; je vous la demande par écrit……

Si vous doutez de la vérité de l’avis, il sera très aisé de vous en convaincre en envoyant ma lettre à Paris, mais, encore un coup, j’ai droit d’attendre de votre part une réponse ; il me la faut absolument. Rousset.

De la Coste, 4 avril 1783.


La marquise donne à l’avocat des nouvelles de M. de Sade et de ses enfants. « Ce samedi saint au matin. 1783. »

……Le mal d’œil de M. de Sade va tout doucement ; il s’en plaint. L’oculiste dit que cela ne sera rien ; il est certain que toujours lire, écrire et s’impatienter met le feu dans le sang……

Mes enfants se portent bien. L’aîné est plus grand que moi ; cela n’est pas beaucoup dire, mais c’est beaucoup pour son âge. Il se plaignait l’autre jour qu’il ne grandissait plus ; j’ai ri de cette plainte : à seize ans, avoir cinq pieds un pouce, l’on doit avoir de l’espérance. Le chevalier est aussi très grand, mais beaucoup plus gros. Ma fille est fort tardive en tout ; on ne sait encore ce qu’elle sera……


Mademoiselle de Rousset cherche à dominer ses souffrances pour ne pas aggraver son mal. (6 mai 1783).

Je vous remercie de votre attention, monsieur l’avocat, à vous informer de mes nouvelles. Je souffre encore beaucoup de mes crispations de nerfs. Les bains n’ont produit aucun bon effet ; je les ai laissés. Je souffre, non patiemment, car j’ai des moments dépitants, mais je souffre persévéremment avec toute la philosophie nécessaire pour ne pas aggraver mon mal……


La marquise écrit à l’avocat que la foudre est tombée sur le donjon de Vincennes et lui parle des brouillards secs qui ont effrayé les Parisiens.

……Je ne peux voir M. de Sade de quelque temps, attendu les réparations que l’on va faire au donjon où le tonnerre vient de tomber par deux fois. M. de Sade m’a écrit depuis ; il n’y a eu personne de blessé. J’aurais voulu qu’au lieu de faire des trous aux murailles, il fondît toutes les ferrures et clefs.

Nous avons eu ici des brouillards secs[3] qui ont fait peur à bien du monde. Cela n’a fait mal à rien, mais l’on prédisait la fin du monde. Il a fallu faire écrire les astronomes pour rassurer. Ce 11 juillet 1783.


La marquise est affligée de l’état de son amie dont elle vante la bonté d’âme. (14 juillet 1783).

……Ce que vous me marquez de l’état de mademoiselle de Rousset m’afflige beaucoup car je lui suis bien réellement attachée. Sachez de son médecin ce qu’il en pense, et vous suis bien obligée de vos attentions pour elle. Peu de gens connaissent la bonté de son âme……


La marquise ne peut obtenir de M. de Sade qu’il cesse ses invectives et ses menaces contre les auteurs de sa détention. (8 octobre 1783).

……L’état de cette pauvre mademoiselle de Rousset me fait une peine que je ne puis vous exprimer. C’est bien affreux qu’un pareil état de souffrance et, si elle mourait, elle emporterait de ma part des regrets bien sincères. Je suis bien aise que Brun avance les réparations.

M. de S.. écrit des lettres furieuses contre tout le monde, c’est-à-dire ceux qui le retiennent où il est. Il promet de s’en venger ; cela n’est pas le moyen d’avancer les choses. Je lui ai écrit ; j’espère qu’il y réfléchira et se calmera. Vous avez très bien fait de donner de l’huile de Saumane à ma tante de Cavaillon et [je vous prie] de lui en donner quand elle vous en demandera, de même que du gibier……

Je me porte assez bien, j’engraisse et, quand je dis que je souffre, l’on me rit au nez. Voilà le cas des maladies de nerfs, il faut qu’elles soient à leur dernier accès pour que l’on y croie. Je fais énormément d’exercice pour mes affaires et cela me dissipe et diminue mon mal. Je serais bien heureuse si je passe l’hiver sans maladie……





  1. « Leur », dans le texte.
  2. « Les », dans le texte.
  3. Ces brouillards, qui répandaient une lumière très sensible, même à minuit, se sont reproduits en 1831. Ils ont été attribués à des vapeurs cométaires mêlées à l’air. Mais, bien qu’ils ne s’étendissent pas partout, notamment en mer, l’astre qui les aurait produits n’a jamais été aperçu.