Cours d’agriculture (Rozier)/LOQUE. LOQUETTE

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome sixièmep. 297-298).


LOQUE. LOQUETTE. Morceau d’étoffe avec lequel on fixe chaque branche, chaque bourgeon d’un arbre contre un mur, en retenant la loque à l’aide d’un clou qu’on plante dans le mur.

Quoique cette manière de disposer les branches & les bourgeons, soit, sans contredit, la plus avantageuse & la plus commode, puisqu’on les place dans la direction qu’on désire, elle n’est cependant pas praticable par-tout ; elle exige des murs construits en plâtre on en pisaï, (Voyez ce mot) & dans plus des trois quarts du royaume, le plâtre est très-cher & très-rare ; en le supposant même commun, il deviendroit inutile pour les murs extérieurs dans les provinces maritimes, parce que l’acide marin y décompose bientôt le plâtre. Dans les murs à chaux, à mortier & à pierres, on n’est pas le maître de choisir la place du clou ; il ne reste donc plus que la ressource des treillages appliqués contre les murs, & avec un peu d’industrie de la part du jardinier, ces treillages permettent de bien palisser les bourgeons, sur-tout si on a eu le soin d’éloigner peu les bois, & d’en former de petits quarreaux.

Les clous entrent à volonté dans les murs de pisaï, mais comme ils sont construits en terre, & qu’on est obligé de les revêtir à l’extérieur d’une couche de mortier à chaux & sable, ces clous détachent une partie de cette couche, & peu-à-peu dégradent complètement le mur. Il faut donc, pour les murs en pierres ou en pisaï, recourir également aux treillages.

La loque a l’avantage de ne point étrangler la branche ou le bourgeon à mesure qu’il grossit, au lieu que l’osier ne prête pas, & établit une forte compression, s’implante dans l’écorce, y forme un bourrelet, (Voyez ce mot) enfin dérange & nuit beaucoup à la végétation de l’arbre.