Cours d’agriculture (Rozier)/AGNUS CASTUS

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Hôtel Serpente (Tome premierp. 251-252).


AGNUS CASTUS. Vitex foliis angustioribus, canabis modo dispositis. Bauhin. Vitex agnus castus. Lin. (Voyez Pl. 5, p. 202) M. Tournefort range cette plante dans la vingtième classe destinée aux arbres à fleur monopétale, dont le pistil produit un fruit à plusieurs loges ; & M. le chevalier Von Linné la classe dans la didynamie angiospermie.

Fleur, monopétale, c’est-à-dire d’une seule pièce, imitant les labiées ; le tube est cylindrique A ; le limbe plane, divisé en deux lèvres ; la supérieure partagée en trois parties, & celle du milieu plus large ; l’intérieure également divisée en trois & arrondies. Celle du milieu est plus grande que les deux latérales, plus large & plus longue. B représente la même fleur coupée par le milieu dans sa longueur, & laisse voir quatre étamines, dont deux plus grandes, & deux plus courtes. Elles prennent leur insertion vers le milieu du tube, excédent sa longueur, & se terminent par des anthères ovoïdes. C le pistil qui excède la longueur des étamines, se partage à son sommet en deux stigmates. Le calice qui paroît le supporter dans cette figure, est d’une seule pièce, divisée au sommet en cinq dentelures.

Fruit, D, baie ronde, à quatre loges ; on la voit coupée transversalement en E, & laisse appercevoir les quatre semences figurées en F.

Feuilles, pétiolées, digitées, composées de trois, ou cinq, & quelquefois de six folioles, suivant la fertilité du terrain sur lequel l’arbrisseau végète. Ces folioles sont attachées à un pétiole commun ; elles sont alongées, étroites, pointues, très-entières, quelquefois dentées en manière de scie à leur extrémité.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port. Arbrisseau de moyenne grandeur, dont les rameaux sont foibles & plians, blanchâtres, lisses. Les fleurs naissent au haut des tiges, disposées en longs épis, verticillées, bleues, & quelquefois blanches. Les feuilles sont opposées, & imitent, par leur disposition, celles du chanvre. La baie de ce fruit est appelée petit-poivre, poivre sauvage, à cause de son goût âcre & aromatique, & les rameaux répandent une odeur aromatique, mais peu agréable.

Lieu. Les terrains marécageux des provinces méridionales de France.

Propriétés. La saveur est âcre & sèche ; la vertu est diurétique.

Usages. On emploie la semence, les feuilles & les fleurs ; ces deux dernières en infusion. Les feuilles & les sommités, appliquées extérieurement, sont résolutives. Les anciens recommandoient les semences pour dissoudre les calculs, expulser les graviers contenus dans la vessie, dans la fureur utérine, le satyriasis, la perte involontaire de semence, la suspension du flux menstruel, & recommandoient surtout l’usage de cette plante aux personnes vouées au célibat. Toutes ces prétendues propriétés sont dénuées de fondement ; il vaut mieux cultiver cet arbrisseau pour l’agrément d’un jardin, que pour la médecine.

Cet arbrisseau se multiplie de graine, & est très-lent à croître. Les marcotes & les boutures sont préférables à tous égards, & on gagne du tems. Il craint la gelée dans les provinces du nord. Il exige l’orangerie.