Cours d’agriculture (Rozier)/AIGREMOINE
AIGREMOINE. (V. Pl. 7, p. 287) agrimonia officinarum, I. R. H. agrimonia eupatoria, Lin. M. Tournefort place cette plante dans la neuvième section de la sixième classe qui comprend les herbes à fleur de plusieurs pièces régulières & en rose, dont le calice devient un fruit sec ; & M. le chevalier Von Linné, dans la dodecandrie digynie.
Fleur, composée de cinq pétales B, disposés en rose, planes, échancrés, attachés par de petits onglets à un calice C, d’une seule pièce divisée en cinq. Ce calice est entouré du second calice D. Le pistil E est entouré de vingt étamines. Lorsque la fleur est passée, le premier calice se resserre & enveloppe le pistil.
Fruit. Le calice intérieur, resserré & endurci, tient lieu de péricarpe : il est couvert en dessus de poils rudes, pliés en hameçon ; il renferme deux semences obrondes. On voit dans la figure F ce calice, & en G les deux graines qu’il renferme.
Feuilles, adhérentes à la tige, veinées, velues, avec interruption, terminées par une impaire ; les folioles ou petites feuilles intermédiaires, dentelées & adhérentes à la queue commune.
Racine, ordinairement horizontale, rameuse, brune ou noirâtre.
Port : la tige communément haute de deux pieds, cylindrique, rameuse, velue : les fleurs sont au sommet, rangées alternativement le long de la tige : à la base du calice de chaque fleur, on remarque deux stipules en forme de cœur, & qui embrassent la tige par leur base ; la fleur est jaune.
Lieu : les prairies, les champs, les fossés ; elle est vivace.
Propriétés. On nomme quelquefois cette plante eupatoire, parce que, dit-on, le roi Eupator fut le premier qui découvrit ses propriétés médicinales. La racine a une saveur astringente ; les feuilles sont acres & astringentes ; les fleurs ont une odeur douce ; la plante est astringente, vulnéraire, détersive, dessiccative.
Usages. Les auteurs la recommandent dans l’ictère essentiel, contre les obstructions du foie, de la rate ; dans l’hydropisie, par obstruction du foie ; dans la suppression du flux menstruel par les corps froids ; dans l’hémoptysie par un effort, les fleurs blanches, la gonorrhée virulente dont le virus est corrigé, l’écoulement involontaire ou trop abondant de l’urine, l’ulcère de la vessie, la colique néphrétique causée par des graviers. Ils la recommandent encore en gargarisme contre les ulcères de la bouche ; sous forme de cataplasme dans la chûte du vagin & dans les tumeurs des testicules. Toutes ces propriétés sont-elles bien caractérisées par l’expérience ?
On se sert communément pour l’homme, de l’herbe, du suc, de l’eau distillée, & de la poudre sèche des feuilles. Cette dernière se donne dans un véhicule convenable à la dose d’une drachme ; la décoction à la dose de quatre onces ; le suc dépuré, à la dose de trois ou quatre onces ; la décoction des feuilles, à celle d’une poignée pour une livre de liqueur convenable. On se sert extérieurement des feuilles pilées & bouillies dans l’eau ou le vin, pour des cataplasmes sur des plaies & sur des ulcères, & pour les maux de gorge. L’eau distillée est employée pour le même effet.
Pour les animaux, on donne la plante en décoction, à la dose de deux poignées dans deux livres d’eau.