Cours d’agriculture (Rozier)/AMÉLIORATION (supplément)

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AMÉLIORATION, (Économie domestique et rurale.) Améliorer, c’est perfectionner les qualités agréables ou utiles des productions des animaux domestiques, soit par l’alliance entr’eux des individus les plus parfaits des races pures les plus estimées, soit par le croisement de ces races avec des espèces indigènes, possédant des qualités différentes ou inférieures.

L’amélioration des races sans croisement a pour but de les maintenir dans leur pureté, et même de les perfectionner. Ce moyen est lent, mais nécessaire à l’amélioration par le croisement ; car il est très-important de puiser dans chacune des races pures les qualités physiques et le caractère qui élèvent au plus haut prix les productions métisses que l’on veut en obtenir. On doit être extrêmement attentif dans le choix des mâles, qui ont une influence plus puissante que les femelles sur les qualités de leurs productions. (Voyez Beauté, Bonté, Appareiller, Dégénération.) Examinons rapidement ce que l’on a fait en France, pour améliorer nos espèces indigènes, et les perfectionnemens que nous pourrions encore obtenir.

Les chevaux nerveux et pleins d’ardeur des pays chauds doivent être préférés, pour l’amélioration de ce magnifique animal, aux productions sans vigueur et indolentes des climats froids. Il est nécessaire que les étalons soient de races pures, et non mésalliés avec des chevaux du Nord. Sobre, ardent, léger, infatigable à la course, le cheval arabe, obéissant à la voix de son maître, est le cheval de selle par excellence ; les races de chevaux fins les plus précieuses de l’Europe, en sont des productions métisses, aucune ne l’égale en beauté, aucune ne le surpasse en vitesse. Qu’il est douloureux de voir le luxe sacrifier à ses éphémères jouissances les chevaux arabes conquis en Égypte par la valeur, conduits en France par la victoire ; tandis qu’ils auroient pu en perpétuer si utilement les trophées, soit en propageant dans l’Empire français cette race dans sa pureté, soit en communiquant à nos chevaux indigènes quelques unes des perfections qui les distinguent !

Entièrement tributaires de l’Espagne, il y a vingt années, pour les belles lames nécessaires à la fabrication des draps fins, nous désespérions de pouvoir jamais nous en procurer d’aussi soyeuses et d’aussi fines. Les expériences faites depuis plusieurs années en France, et les produits des nombreux mérinos, qui paissent sur tous les points du sol français, ont évidemment prouvé la possibilité de l’amélioration des races communes de nos troupeaux de bêtes à laine, par leur croisement avec des béliers mérinos. Les laines de la troisième et de la quatrième génération ne le cèdent point à celles des bêtes espagnoles, pour la pesanteur et la qualité de leur toison. Les troupeaux améliorés par les mérinos donnent un profit quadruple des races communes. On doit seulement, pour accélérer l’amélioration, choisir les têtes qui ont la laine la plus fine et la plus serrée. Les productions des béliers mérinos ont encore le corps plus cylindrique, les membres plus forts ; ils ont plus d’énergie et vivent plus longtemps.

L’expérience ayant démontré que ces productions dégénéreroient, si l’on faisoit couvrir les brebis par des béliers métis, quelque beaux qu’ils puissent être, il est donc nécessaire d’avoir toujours des béliers et des brebis mérinos de race pure, pour fournir les mâles destinés à l’amélioration des espèces métisses, et conserver dans toute sa pureté l’espèce originaire.

Nos chèvres peuvent s’améliorer par le croisement avec les béliers d’Angora. La côte s’arrondit, les oreilles s’abattent et s’allongent dans les métis des angora ; leur poil est plus long, plus soyeux, plus recherché dans les manufactures et le commerce. Les chèvres d’Angora sont, il est vrai, moins bonnes laitières que les chèvres de la race commune ; mais, dès la troisième ou quatrième génération, elles fourniroient autant de lait.

La Normandie, le Morvan, et sur-tout la Suisse, possèdent des taureaux et des vaches capables de singulièrement perfectionner les autres races françaises.

Le cochon de Java, dont nous avons propagé la race aux environs d’Alfort, croisé avec notre grande espèce, en raccourcit le corps, et le fortifie. Ces métis ont l’épine du dos moins courbée vers la terre, leurs membres sont plus forts, leurs productions plus précoces ; ils s’engraissent plus promptement avec moins de frais, et donnent par conséquent plus de bénéfices, (Voyez Engraissement, Cheval, Mouton.) C. et F.