Cours d’agriculture (Rozier)/AUNÉE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 90-91).
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AUNÉE, ou Enule-Campane. (Pl. 1, pag. 52.) M. Tournefort la place dans la première section de la 14e. classe, qui comprend les herbes à fleurs radiées & à semences couronnées d’une aigrette, & il l’appelle aster omnium maximus helenium dictus. M. le Chevalier von Linné, la classe dans la syngénésie polygamie superflue, & la nomme inula helenium.

Fleur, radiée, (voyez ce mot) composée de fleurons hermaphrodites dans le disque, & de demi-fleurons femelles à la circonférence. Ces demi-fleurons sont sujets à avorter. Les anthères sont terminés à leur base par des soies. Les fleurons B, sont en forme d’entonnoir, droits, découpés en cinq ; les demi-fleurons C, linéaires, entiers, le tube menu, terminé par une languette découpée en trois petites dents. Les corolles sont jaunes & les écailles du calice ovales.

Fruit ; les semences D sont à quatre côtés, couronnées d’une aigrette simple, de la longueur des semences, placée dans le calice sur un réceptacle plan & nu.

Feuilles ; celles qui partent des racines, sont en forme de lance, longues d’un pied & plus, dentelées, ridées, blanchâtres en-dessous, vertes en-dessus, marquées par des nervures très-distinctes, & les feuilles de la tige l’embrassent par leur base.

Racine A, grosse, épaisse, charnue, branchue, brune en dehors, blanche en dedans, & d’une odeur forte.

Port, tige de trois, de quatre pieds & même plus, suivant le terrain ; cannelée, velue, branchue ; les fleurs naissent au sommet ; les péduncules partent des aisselles des feuilles, & ne portent qu’une seule fleur ; les feuilles sont alternativement placées.

Lieu ; l’Europe méridionale, sur les montagnes. On la cultive dans les jardins où elle fleurit en Juillet & Août.

Propriétés ; la racine a une saveur amère, & une odeur aromatique assez caractérisée. Elle est regardée comme alexitère, stomachique, vermifuge, tonique, détersive, & fortement résolutive.

La racine échauffe, favorise l’expectoration, ranime les forces vitales & musculaires, calme les coliques venteuses sans inflammation ni disposition inflammatoire ; fortifie l’estomac ; souvent elle remédie au dégoût produit par des humeurs pituiteuses ; elle est indiquée dans l’asthme pituiteux ; sur la fin du rhume catarral, dans la paralysie séreuse, le tremblement des fondeurs, le tremblement & les foiblesses occasionnés par des préparations mercurielles, les pâles couleurs, l’affection hystérique, la suppression du flux menstruel, & des lochies par l’impression des corps froids, intérieurement & extérieurement dans la gale.

La conserve d’aunée cause souvent chez les personnes délicates, un sentiment de constriction dans la région épigastrique ; d’ailleurs, elle convient dans la plupart des espèces de maladies où l’infusion de la racine est indiquée, & lorsque le sucre qui y abonde ne peut donner lieu à aucune incommodité.

L’extrait irrite, échauffe & fatigue plus l’estomac que la plus forte infusion de la racine.

L’eau distillée est presque inutile, ainsi que l’huile par infusion.

La racine fraîche est prescrite en apozème, depuis demi-once jusqu’à une once. La conserve à la dose d’une once. L’extrait depuis une demi-drachme jusqu’à une drachme.

On donne aux animaux la racine fraîche en infusion, à la dose de quatre onces, & la poudre de racines séches à la dose de demi-once.