Cours d’agriculture (Rozier)/BÉCASSE

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Marchant (Tome onzièmep. 220-226).


BÉCASSE, (Scolopax rusticulo L.) La longueur démesurée du bec est l’attribut qui frappe d’abord dans cet oiseau ; c’est de là qu’il a pris son nom chez la plupart des peuples, tant anciens que modernes. Ce bec, droit et presque cylindrique, se termine par une pointe charnue, et arrondie plutôt que carrée ; il est rude, comme barbelé aux côtés vers son extrémité, et creusé sur sa longueur de rainures profondes. Après ce long nez, ce qui se fait le plus remarquer dans la bécasse, sont ses grandes jambes, sur lesquelles cet oiseau semble être monté connue sur des échasses. Aussi, les naturalistes le placent-ils dans une division d’oiseaux qu’ils nomment échassiers, à cause de leurs longs pieds et de leurs jambes nues en partie.

« La tête de la bécasse, dit l’immortel Buffon, aussi remarquable que son bec, est plus carrée que ronde, et les os du crâne font un angle presque droit sur les orbites des yeux. Son plumage, qu’Aristote compare à celui du francolin, est trop connu pour le décrire ; et les beaux effets de clair-obscur, que des teintes hachées, fondues, lavées de gris, de bistre et de terre d’ombre y produisent, quoique dans le genre sombre, seroient difficiles et trop longues à décrire dans le détail. » Histoire naturelle, vol. 57 de mon édition, page 372.)

C’est, de tous les oiseaux de passage, celui dont on fait le plus de cas. Sa chair, noire et ferme, a un goût excellent, du moins pour le palais de l’homme : les chiens et la plupart des animaux n’en mangent point ; mais le fumet, qui les rebute, est précisément ce qui nous fait rechercher ce gibier. Il est moins fort dans les jeunes bécasses dont la chair est aussi plus blanche et plus tendre. Toutes s’apprêtent, dans nos cuisines, sans être vidées, et leurs entrailles, avec ce qu’elles contiennent, font leur meilleur assaisonnement.

Les chasseurs distinguent deux races dans cette espèce : l’une beaucoup plus grosse, dont les pieds sont d’un gris teint de rose, et les couleurs du plumage plus rembrunies ; l’autre plus petite, et qui a les pieds de couleur bleue.

Ces oiseaux commencent à paroître dans les premiers jours d’octobre. Leur arrivée avance ou retarde de quelques jours, selon les vents et l’état de l’atmosphère, à l’entrée de l’automne. Les vents du levant et du nord-est sont ceux qui en amènent le plus, sur-tout lorsqu’ils sont accompagnés de brouillards. Elles arrivent ordinairement la nuit, et quelquefois de jour, quand le temps est sombre, presque toujours en troupes, quoique le contraire ait été dit et répété. Les chasseurs distinguent trois époques de leur passage, et fixent la première à la Saint-Michel, (29 septembre) la seconde à la Saint-André, (30 novembre) et la troisième à la Saint-Thomas (21 décembre.) Le mois de novembre, au reste, paroît être le moment de leur plus forte arrivée ; et la pleine lune de ce mois est nommée, parmi les chasseurs, la lune des bécasses.

C’est aussi le temps où elles ont pris de la chair, et où leur chasse commence à être plus avantageuse. Vers la fin de février, elles entrent en amour, perdent leur embonpoint, et bientôt après, partent pour regagner les lieux froids et les montagnes pour y faire leur couvée, La femelle pose son nid à terre, et le façonne négligemment avec des feuilles, des herbes, et des brins de bois. Ses œufs, au nombre de quatre ou cinq, ont à peu près la grosseur de ceux du pigeon commun, et des ondes noirâtres sur un fond gris roussâtre. Ces œufs passent pour un manger très-délicat. Les petits se mettent à courir autour du nid dès qu’ils sont éclos. Dans les momens de danger, le père et la mère se sauvent, emportant un de leurs petits qui se tient cramponné sur leur dos.

Il reste rarement quelques couples de bécasses dans les pays de plaines, et elles y deviennent d’une maigreur extrême.

La saison des amours et de l’éducation des petits est la seule où les bécasses fassent entendre des cris, auxquels la différence des affections fait prendre des tons différens. Tantôt ces cris passent du grave à l’aigu ; tantôt ils deviennent une sorte de croassement ; tantôt, enfin, ils ne sont plus qu’un murmure grave, un grondement.

Lorsque ces oiseaux arrivent, ils se jettent d’abord indifféremment dans tous les endroits fourrés, dans les haies, les bruyères et les broussailles ; bientôt ils choisissent de préférence, pour leur asile habituel, les taillis de neuf à dix ans, et les bois voisins de quelques mares, étangs, ou eaux courantes.

La bécasse cherche, dans le bois, sa nourriture sous les feuilles qui couvrent la terre ; elle les écarte avec son bec, pour trouver les insectes qui s’y cachent. À la fin du jour, elle part pour s’approcher des lieux humides. L’eau lui est nécessaire pour laver son bec et ses pieds ; et les terres molles des prés, des environs des marais, du fond des vallons, etc., l’invitent encore a véroter, ou à chercher des vers pendant la nuit : au jour, elle regagne ses bois.

Chasse de la bécasse. Les habitudes et les besoins de la bécasse servent de guide au chasseur, soit pour la tirer au fusil, soit pour lui tendre diverses sortes de pièges. La stupidité de cet oiseau rend sa chasse très-facile ; il ne sait éviter aucune embûche. C’est une moult sotte béte, a dit avec raison notre vieux et excellent observateur Belon, dans son ouvrage qui a pour titre : Nature des Oiseaux.

Lorsque, dans un canton fréquenté par les bécasses, il se trouve des gorges ou vallons abrités, ou quelques mares, ou queue d’étangs à la proximité d’un bois, si sur-tout la mare est jointe au bois par un vallon, ce sont autant d’endroits où un bon tireur peut se mettre à l’affût, avec la certitude de voir tomber le gibier sous ses coups, à son passage du soir et du matin. Cet affût, au reste, ne peut guères durer qu’une demi-heure ou trois quarts d’heure ; et il veut un chasseur exercé, car la bécasse vole avec rapidité, quand elle a enfilé un passage libre. On peut l’attendre aussi à la brune, au bord des eaux qu’elle fréquente, pour la tirer quand elle est abattue : c’est ce que les chasseurs appellent la chute aux bécasses. On reconnoît les endroits où l’on peut raisonnablement espérer de rencontrer ce gibier, tant à l’empreinte qu’il y laisse de ses pieds, qu’à ses fientes, qui sont de larges fécules blanches et sans odeur, dites miroirs, en terme d’oisellerie.

À l’époque où les bécasses quittent nos bois, pressées par le besoin de se reproduire, c’est-à-dire à la fin de février, ou au commencement de mars, on se place, le soir, dans une tranchée de la forêt, vis-à-vis d’une clairière ; les bécasses se font entendre après le coucher du soleil, les mâles se poursuivant, ou se disputant les femelles, et on les tire au vol. Cette chasse, qui ne peut durer qu’une demi-heure, à cause de l’obscurité, se nomme, en quelques cantons, la passe aux bécasses, et suffit pour tuer plusieurs de ces oiseaux.

La chasse faite aux bécasses en plein bois demande un grand bruit d’hommes et de chiens, pour forcer ces oiseaux à se lever. À leur départ, leur vol est lourd et bruyant ; et, si le bois est clair, ils font beaucoup de détours et crochets pour gagner le haut des arbres ; alors, il est assez difficile de les tirer. Mais, dans un bois peu fourré et bien percé, il devient plus aisé de les tuer lorsqu’elles partent. Il est encore avantageux, pour cette chasse, de faire monter un homme sur un arbre un peu haut, pour remarquer l’endroit où la bécasse s’abat, et l’indiquer aux chasseurs. L’on peut aussi se servir d’un chien d’arrêt ; mais il est nécessaire de lui attacher au cou des grelots qui indiquent la direction qu’il prend dans le bois, et dont le silence annonce qu’il est en arrêt. Quelques chiens de plaine donnent de la voix quand la bécasse part ; alors le chasseur est averti.

Les pièges les plus usités pour prendre ce gibier, sont les lacets et collets, et les filets connus sous le nom de pantière ou pantaine.

Les uns et les autres se tendent aux lieux du passage des bécasses, et dans les chemins qu’on voit qu’elles fréquentent, pour gagner les abreuvoirs, les champs, ou les vallons. On tend les lacets, ainsi que les collets, à la brune, aux avenues des abreuvoirs, et dans le bois où l’on sait que les bécasses sont cantonnées. Pour cela, on ferme leur passage avec des genêts ou autres branchages sur la plus grande étendue de terrain qu’il est possible d’occuper. On laisse, dans cette haie artificielle, qui doit être au moins haute d’un demi-pied, des trouées où peut passer une bécasse seule, et l’on tâche qu’autant de voies faciles conduisent à ces trouées. À chacun de ces passages est disposé ou un lacet couché à terre, ou un collet arrêté par un bout à un fort piquet, et qui, de l’autre, présente un nœud coulant au col de la bécasse. Cette chasse s’appelle aussi la passée, et elle est très lucrative.

Il est une autre manière de tendre le lacet, dit aussi corde à pied, un peu plus compliquée, mais plus destructive, peut-être, (voyez la planche IV, fig i.)

Cette manière consiste à l’attacher à une branche élastique que l’on nomme rejet, et dont la détente est disposée de façon qu’elle présente à la bécasse un obstacle contre lequel elle est obligée de donner. Les endroits les plus favorables pour placer cette embûche sont les avenues de quelques mares ou pièces d’eau, et les raies d’un champ voisin où l’on auroit remarqué que les bécasses viennent chercher des vers au sortir de l’abreuvoir. On hérisse leurs passages de petites branches ou garnitures, et on y laisse, de distance en distance, des trouées comme je viens de le dire ci-dessus. À chacune de ces trouées, on plante d’un côté un piquet uni, qui sort de terre de quatre à cinq pouces, et, à l’opposite, un autre piquet terminé par un crochet qui se recourbe vers la terre, et qui, solidement enfoncé, présente une espèce de petite porte haute de trois ou quatre doigts. L’espace libre entre ces deux piquets est d’environ six pouces. Il est traversé et barré par une baguette droite de huit à neuf pouces, grosse comme une plume à écrire, terminée, d’un bout, par un crochet dont le pli embrasse le premier des piquets dont on vient de parler ; l’autre bout de cette baguette est passé sous l’arceau ou petite porte que forme le second piquet. À cette même extrémité, est pratiqué un cran ou coche qui doit être tourne en en haut, et qui sert à tendre le ressort ou rejet. Ce rejet est une verge de coudrier, ou autre bois élastique, grosse d’un doigt, longue de trois pieds, et pointue par un bout, pour être enfoncée en terre dans la garniture ou haie, à trois pieds environ de distance du piquet à crochet, que l’on appelle aussi repos. Au haut de cette verge, est attachée une bonne ficelle, longue de demi-pied, à laquelle est noué un très-petit bâton, long comme la moitié du petit doigt, taillé d’un bout en coin, et de l’autre très-légèrement échancré. Au bout de cette même ficelle, tient un bon collet de crin de cheval. Pour tendre ce piège, on amène son collet sous la porte que forme le piquet de repos, en forçant la verge élastique de s’incliner à un degré suffisant, de manière que le petit bâton attaché à la ficelle se trouve placé sous le pli du crochet. On le fait porter par le haut sous ce pli, et l’on engage le bout taillé en coin dans le cran de la baguette qui traverse horizontalement la passée. Par ce mécanisme, cette baguette doit se trouver tendue à environ deux pouces de terre. Le collet qui la recouvre est ouvert en rond, et doit pendre de côté et d’autre. La bécasse, pour passer, est forcée de toucher la baguette, dite aussi marchette ; elle a même l’habitude de poser son pied dessus : par-là, elle détache le petit bâton arrêté par le cran de la marchette, et cette détente levée permet au rejet de se redresser ; ce qu’il fait en tirant le collet, qui serre nécessairement les pieds de la bécasse, et l’arrête contre le piquet à crochet, que, pour cela, ou appelle repos, et qui doit avoir une certaine solidité ; pour résister à la secousse de la verge élastique.

On distingue le filet à bécasses, dit pantaine, en pantaine simple et pantaine contre-maillée. La simple est une longue nappe, dont les mailles en losange ne peuvent avoir moins de quinze lignes de diamètre. (Les auteurs qui ont écrit sur les chasses portent cette même dimension à deux pouces et demi ; ce qui est beaucoup trop grand.) Ce filet est formé d’un bon fil retors à trois brins, de la grosseur de celui dit fil de Bretagne ; il doit être teint en vert, ou en couleur de feuille morte. Sa longueur, qui est quelquefois de cent pieds, est déterminée par l’espace que l’on veut fermer, et sa hauteur est toujours de trente ou trente-six pieds : il est bordé ou enlarmé, au pourtour, d’une ficelle peu cablée et du diamètre d’une grosse plume à écrire. Les lieux propices pour tendre ce filet sont les avenues d’un bois, le débouché d’une allée qui conduit à quelque abreuvoir, à des prairies ou endroits humides, les gorges ou vallons où la bécasse aime à s’engager, et où elle peut filer en ligne droite et de plein vol.

Lorsqu’on a trouvé une place convenable, il faut encore choisir deux arbres suffisamment élevés et espacés ; il est quelquefois nécessaire de les dégarnir de celles de leurs plus longues branches, qui s’étendent de part et d’autre vers l’espace que doit occuper le filet. Ou fait ensuite attacher, vers la cime de chaque arbre, deux fortes perches qui s’avancent l’une vers l’autre, et qui servent à élever et suspendre la pantaine. Cette élévation doit être telle, que la distance des deux coins supérieurs du filet à chaque bout de perche soit d’à peu près trois pieds, et que l’éloignement de terre, des deux coins inférieurs, soit à peu près de quatre. C’est pour que le filet ainsi tendu puisse librement retomber, qu’on a indiqué la nécessité d’élaguer quelquefois les branches qui, de chaque côté des deux arbres, auroient trop de saillie, et se prolongeroient vers la ligne dans laquelle le filet doit descendre. Pour le hisser et faire mouvoir, on se servoit autrefois de poulies attachées à l’extrémité des perches saillantes du haut des deux arbres ; mais le jeu de ces poulies, souvent gêné, ou par l’humidité, ou par d’autres causes, leur a fait substituer des espèces de boucles ou anneaux de fer absolument semblables aux portes d’agrafes. Aujourd’hui, l’on trouve chez les marchands de filets ces portes en verre soufflé : cette invention est très commode, en ce que les portes de cette matière sont à l’abri de la rouille, et que la corde qui passe par leurs anneaux glisse presque sans frottement, et avec la plus grande facilité. Le diamètre de ces anneaux doit être à y passer le doigt, et les cordes qu’ils reçoivent ont la grosseur de celles qui suspendent les réverbères. Chacune de ces cordes a, en longueur, à peu près le double de la hauteur du filet ; elles y sont attachées chacune par un bout et sur un coin, et leurs deux autres bouts, passés dans les anneaux des portes attachées aux perches, et réunis dans les mains du chasseur, lui donnent le moyen d’élever sa pantaine à hauteur convenable, de façon qu’elle se trouve étendue entre les deux arbres comme une espèce de rideau. Les deux coins du bord d’en bas doivent être aussi arrêtés à deux forts piquets par deux cordes assez courtes pour que ce bord ne soit élevé, comme je l’ai dit, qu’à quatre pieds de terre à peu près. Il faut aussi placer ces piquets de manière que ce filet ne descende pas perpendiculairement, mais que le bas soit tiré vers le chasseur, et que le haut se présente penché vers le côté par lequel doit venir la bécasse. Lorsqu’elle vient à passer, elle ne manque guères de donner dans la pantaine, dont le chasseur, placé convenablement à cet effet, lâche aussitôt les cordes, pour que le filet, en tombant, achève d’envelopper le gibier.

La place où se tient le chasseur est ordinairement un trou creusé en terre au milieu de l’allée où est tendu le filet, et recouvert de branchages qui le dérobent à la bécasse, dont la vue est plus perçante dans l’obscurité qu’en plein jour ; ce qui résulte naturellement de ses habitudes. Il ne seroit pas difficile de se poster dans l’allée même, pour s’éviter la peine de creuser cette hutte : pour cela, il suffiroit d’adapter à l’extrémité de s*s cordeaux une détente combinée d’après le même mécanisme qui tait tomber les trébuchets ou le piège du rejet que je viens de décrire tout à l’heure. Cette détente correspondroit, au moyen d’une ficelle, jusqu’à l’endroit où seroit caché le chasseur, qui la feroit mouvoir dès qu’il en verroit l’occasion favorable.

Le moment de tendre la pantaine est au coucher du soleil : cette espèce d’affût peut durer une heure au plus. Les mois de novembre, décembre et janvier, sont les plus propices à cette chasse ; un temps calme et sombre, un peu de brouillard, une petite pluie tombée le matin, contribuent encore à la rendre plus fructueuse. Comme l’instant qu’on peut y consacrer est assez court, il faut s’y précautionner contre tout ce qui peut occasionner une perte de temps.

La tendue seule du filet en occuperoit une portion assez considérable, s’il falloit chaque jour grimper aux perches pour y passer ses cordeaux. Quelques personnes préviennent cet embarras en les laissant pendre après les boucles ou portes ; mais cela n’est pas sans inconvéniens ; et le premier de tous, c’est le risque de les trouver enlevés. Il est plus simple, et non moins commode, d’attacher à l’extrémité des cordeaux de simples ficelles qui, quand on retire les premiers des boucles ou anneaux, les suivent, et occupent leur place. Quand cela est fait, on les détache pour plier et emporter le filet avec ses cordes, et les ficelles seules restent passées dans les portes. On peut alors les ramasser en peloton, et les cacher dans les branches, ou dans quelque creux des deux arbres, d’où on les retire le lendemain pour s’en servir à hisser les grandes cordes du filet.

La pantaine contre-maillée diffère de la précédente, en ce qu’elle est faite de trois filets posés l’un sur l’autre : l’un, qui occupe le milieu, est le même que celui de la pantaine simple, et s’appelle la nappe ; les deux autres se nomment aumées, sont à mailles carrées, et de deux pouces et demi de diamètre. On a long-temps attaché, au cordeau qui enlarme le côté supérieur de ce filet, de petites bouclettes, ou même des anneaux qui, enfilés sur une autre corde fortement tendue, étoient destinés à le faire jouer comme un rideau sur sa tringle. Une ficelle attachée à l’un des coins servoit à l’étendre dans toute sa longueur. La corde sur laquelle il jouoit étoit arrêtée du côté opposé, au moyen d’une espèce de fourche ou croissant de fer, fiché horizontalement dans l’arbre qui sert à tendre la pantaine. Un petit morceau de bois, noué en travers à une longueur convenable, s’engageoit sur les cornes de ce croissant. Lorsqu’une bécasse venoit à donner dans le filet, le chasseur, placé sous l’arbre, dégageoit le petit bâton, et, au moyen de ce détraquement, le filet retomboit en se plissant comme un rideau. Mais, la difficulté d’obtenir des bouclettes qui jouassent toujours bien sur leur corde, a fait renoncer à cette méthode d’employer la pantaine contre-maillée ; et on la tend aujourd’hui par ses deux coins, comme la pantaine simple. Le seul avantage qu’il y ait à préférer ce filet au précédent consiste en ce que, boursant davantage, il présente à la bécasse, qui a engagé ou le bec ou un pied dans ce triple réseau, plus de difficulté pour s’en débarrasser.

Il me semble aussi qu’on pourroit facilement placer au milieu de l’allée le détraquement du croissant, eu le faisant mouvoir sur un pivot, de manière qu’en inclinant ses cornes contre terre, à côté du filet, elles engageassent et arrêtassent, au moyen de deux boucles, l’extrémité des cordeaux qui le tendent, et que le chasseur n’eût qu’à lâcher une ficelle qui, au moyen d’un piquet percé d’un trou, forceroit le croissant à se tenir incliné. Cette ficelle, une fois cachée, permettroit aux cordes entraînées par le poids de la pantaine de relever le croissant ; ce qui dégageroit les boucles infailliblement, et sans effort. (S.) »