Cours d’agriculture (Rozier)/CAILLE-LAIT JAUNE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 530-531).


CAILLE-LAIT JAUNE. (Voyez Pl. 18, page 490.) M. Tournefort le place dans la neuvième section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce en forme de cloche, dont le calice devient un fruit composé de deux pièces adhérentes par la base, & il l’appelle gallium luteum, & M. von Linné gallium verum, & le classe dans la tétrandrie monogynie.

Fleur B vue en dessus, C vue en dessous. C’est un tube court, évasé en soucoupe, divisé en quatre parties ovales & terminé en pointe. Elle est composée de quatre étamines, placées alternativement entre les divisions de la corolle. Le pistil D est un ovaire posé sous la fleur, renfermé dans un calice avec lequel il fait corps, & ce calice est d’une seule pièce découpée en quatre petites dents.

Fruit E ; capsule à deux loges, renfermant deux semences arrondies, lisses d’un côté F, & marquées de plusieurs sillons qui partent du centre de l’autre face G.

Feuilles, verticillées, c’est-à-dire disposées tour autour de la tige, comme les rayons d’une roue autour de l’axe, ordinairement au nombre de huit, linéaires, sillonnées, lisses & non velues.

Racine, longue, traçante, grêle, ligneuse, brune.

Port. Les tiges s’élèvent ordinairement à la hauteur d’un pied & demi ; elles sont grêles, un peu velues, quarrées, noueuses ; il sort le plus souvent de chaque nœud, deux rameaux assez courts, au sommet desquels, de même qu’à celui des tiges, les fleurs naissent ramassées en grappes.

Lieu. Les haies, les fossés. La plante est vivace, & fleurit en Mai & en Juin.

Propriétés. D’une odeur aromatique, douce, d’une saveur légérement austère ; elle est astringente, céphalique, antiépileptique & antispasmodique, suivant M. de Jussieu.

Usage. On donne les fleurs sèches depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, en macération au bain marie, dans cinq onces d’eau. Sèchées & pulvérisées, depuis 15 grains jusqu’à deux drachmes, incorporées avec un syrop. La dose du suc pour les animaux est de demi-livre, & la décoction de deux bonnes poignées dans deux livres d’eau.

Le nom qu’on lui a donné est dû à la propriété que cette plante a de cailler le lait, parce que toutes ses parties sont propres à cela.

Il y a une autre espèce de caille-lait à fleur blanche qui ne diffère du précédent que par la couleur de sa fleur, par ses feuilles plus grandes, par sa tige molle & flasque, & par ses rameaux très-étendus.

On lit dans les Mémoires de l’académie Royale des Sciences de Paris, année 1747, une observation de M. Guettard, fort curieuse. On a nourri pendant quelque tems des lapines pleines, avec une pâtée dans laquelle il entroit de la racine de caille-lait pulvérisée, mêlée avec du son & des feuilles de choux hachées. Leur lait a été teint d’une couleur de rose assez vif, & les os des petits naissans se sont trouvés colorés de rouge, sans que ceux des mères qui ont été disséquées en eussent la plus légère teinte.