Cours d’agriculture (Rozier)/CALICE

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Hôtel Serpente (Tome secondp. 537-540).


CALICE, Botanique. Le calice est un renflement que l’on remarque ordinairement à l’extrémité du péduncule qui porte les fleurs. Il sert de base & d’enveloppe secondaire aux parties de la fleuraison & de la fructification. Produit par l’épanouissement de tout ce qui forme le péduncule, il est organisé comme lui, c’est-à-dire, qu’il est composé comme lui du tissu cellulaire, de vaisseaux lymphatiques, & de vaisseaux propres recouverts par une enveloppe commune, l’épiderme. D’après cette définition & cette explication, il est assez facile de distinguer le calice d’avec la corolle, quoique ces deux parties aient si souvent été confondues, même par les auteurs qui avoient le plus grand intérêt de ne les pas prendre les unes pour les autres, puisqu’elles sont la base de leurs différens systêmes. Combien de fois ne voyons-nous pas Tournefort prendre pour corolle, les mêmes parties que Linné nomme calice dans le jonc, l’amaranthe, le kali, le sceau de Notre-Dame, &c, &c. ; tandis que lui-même donne le nom de calice dans le buis & la camarigne à des parties que M. Linné appelle corolle ; enfin, comme le remarque M. le chevalier de la Marck, on démontre actuellement au jardin royal de Paris, sous le nom de calice, dans toutes les liliacées, les ellébores, les nielles, les aconits, &c. des parties que MM. de Tournefort & Linné appellent très-décidément corolle. On auroit évité cette confusion, si l’on eût expliqué les termes de calice & de corolle avec des caractères absolument distinctifs. Il est bien des cas où la corolle peut exister sans calice, comme dans la tulipe ; mais il n’est point de calice sans corolle, ou du moins il en est très-peu. La corolle, (voyez ce mot) est la première enveloppe des étamines & des pistils ; & le calice la seconde, la plus extérieure, & suppose toujours l’existence de la première.

La destination du calice est double ; il sert d’enveloppe dans certaines fleurs, comme dans les renoncules & dans les pavots ; il sert seulement d’appui dans presque toutes les fleurs en parasol, & dans quelques autres, comme la garance, la valériane ; mais il sert d’enveloppe & d’appui dans les fleurs du rosier, du pommier, du grenadier, &c. Quand il sert d’appui de la corolle, il la soutient, la fortifie, & l’empêche, pour ainsi dire, de trop s’ouvrir avant que la fécondation ait eu lieu. C’est pour cette raison, qu’en général, le calice subsiste plus long-tems que la corolle ; souvent même il accompagne le fruit jusqu’à sa parfaite maturité ; ce qui l’a fait regarder, par plusieurs illustres naturalistes, comme l’organe coopérateur du fruit. Mais il n’est pas l’unique ; & ce n’est pas là sa destination essentielle, puisque lorsqu’il n’existe pas, la corolle supplée à son défaut.

Presque toutes les parties communes, dans toutes les fleurs, ont beaucoup d’analogie entr’elles ; cependant leur grande variété n’est pas une des moindres richesses de la nature. On les reconnoît toutes à une forme générale ; tandis qu’un caractère particulier les empêche de les confondre. On distingue une variété prodigieuse dans ce support. On trouve des calices en forme de cornet ; d’autres en cloches ; quelques-uns en tuyaux : ceux-ci en soucoupes, ceux-là en forme de roses ; presque tous sont plus ou moins découpés sur les bords ; & ces découpures sont ou arrondies, ou pointues, ou dentelées, ou épineuses ; elles forment quelquefois des appendices considérables, comme dans le calice de la rose. Il y a des calices unis & lisses ; d’autres raboteux, d’autres velus, d’autres épineux, d’autres écailleux ; il y en a de très-minces, & d’autres charnus.

Ils sont ou d’une seule pièce, ou de plusieurs ; dans le premier cas, on les appelle calice monophylle, & leur caractère est que leurs divisions ne s’étendent pas jusqu’à la base, comme dans la primevert, les œillets, les poiriers, les pêchers, les abricotiers &c. (Figure 6, Planche 16, page 460). Dans le second cas, le calice est polyphylle, & son caractère est d’avoir les divisions prolongées jusqu’à sa base, ou jusqu’au réceptacle ; car au-dessous de cette partie, le calice paroîtra toujours monophylle, puisqu’il n’est que l’épanouissement de l’écorce du péduncule. On sent parfaitement que cette seconde espèce de calice varie suivant le nombre de pièces dont il est composé ; il est diphylle lorsqu’il n’y a que deux pièces, comme dans le pavot (Fig. 7) la fumeterre ; triphylle ou à trois pièces, comme dans le fluteau (Fig. 8) ; on a supprimé les pétales & les étamines pour ne laisser voir que le calice ; tétraphylle, ou à quatre pièces, comme dans la perce-neige, les sagines, le câprier, (Fig. 9, ABCD, les quatre feuilles du calice : on a supprimé les pétales pour pouvoir les distinguer) ; pentaphylle, ou à cinq pièces, comme dans la morgeline (Fig. 10, ABCDE, feuilles du calice) le ciste ; le calice des épines-vinettes en a six, &c. (Fig. 11, ABCDEF ; on a supprimé les pétales pour laisser appercevoir les divisions du calice). Entre les calices d’une seule pièce, la base de quelques-uns se gonfle & devient le fruit ; les pommiers, les coignassiers, les grenadiers, sont de ce genre ; alors les échancrures du calice restent desséchées au bout du fruit ; & ces calices, qui deviennent des fruits, ne tombent point. À d’autres arbres, comme aux amandiers, aux pêchers & aux abricotiers, les calices monophylles servent seulement de supports aux étamines, & d’enveloppe aux jeunes fruits ; mais ils tombent dès que le fruit est noué. Il y a donc des calices qui subsistent jusqu’à la maturité des semences ou des fruits ; & d’autres calices qui tombent en même tems que les autres parties des fleurs. Le calice de plusieurs fruits, & de la plupart des fleurs légumineuses, subsiste jusqu’à la maturité des semences, comme à la belladone ; ou à la naissance des siliques, comme dans le raifort, le choux, le bois puant, &c. À l’égard des fleurs labiées, telles que celles du romarin, les semences n’ont point d’autre enveloppe que le calice. Entre les calices composés de plusieurs pièces, la plupart, comme celui du câprier, tombent avant la maturité des fruits ; & quelques-uns, comme celui de la grenadille, subsistent. Cette diversité dans la durée des calices, a fait naître une division naturelle entr’eux, par rapport à leur permanence ; & de-là on a distingué les calices caducs, qui tombent au moment de leur épanouissement avant la chute des pétales, comme dans les pavots l’épimedium ; les calices tombans, qui tombent avec la fleur, ou peu après elle, comme dans les liliacées & plusieurs crucifères ; les calices persistans lorsqu’ils surviennent à la fleur, comme dans la sauge, la mélisse, l’aristoloche, &c.

Jusqu’à présent nous n’avons considéré le calice qu’en tant qu’il ne renferme qu’une seule fleur, comme dans l’œillet, la julienne : il faut encore remarquer que ce calice, que l’on désigne sous le nom de propre, peut être simple ou double ; c’est-à-dire, il est simple lorsqu’il n’est composé que d’une seule enveloppe, qui est tantôt nue, & tantôt garnie de poils & d’épines, & quelquefois d’écailles placées à sa base : ainsi, le calice est nu dans la morgeline, velu dans le pavot, épineux dans le coris, & écailleux dans l’œillet ; il est double lorsqu’il est composé de deux ou plusieurs enveloppes remarquables, toutes néanmoins très-distinguées de la corolle, comme dans la mauve (Fig. 12). La nature toujours riche & magnifique dans ses variétés, a donné des calices communs à un grand nombre de plantes. Ces calices communs renferment plusieurs fleurs toutes disposées sur le même réceptacle ; cette espèce de calice subsiste ordinairement jusqu’à la maturité des fruits. Outre ce calice commun dans les fleurs à fleurons & à demi-fleurons, chaque fleur a encore son calice particulier, comme dans le chardon, la laitue, la scabieuse, &c. On distingue trois sortes de calices communs ; le calice commun simple qui n’est composé que d’une seule pièce, ou qui n’est formé que d’un seul rang d’écailles qui ne se recouvrent point les unes les autres, comme dans la barbe de bouc (Fig. 13) ; le calice commun embriqué, c’est-à-dire, composé d’écailles ou de folioles disposées sur plus d’un rang, & qui se recouvrent par gradation comme les tuiles d’un toit ; les calices du scorsonnère (Fig. 14) du chardon sont de ce genre : enfin, le calice commun caliculé ; c’est le calice commun simple, garni à sa base extérieure de petites écailles qui forment presqu’un second calice, plus court que l’autre au moins de moitié, comme dans le seneçon, (Fig. 15) la lampsane, la cacalia, &c. &c.

On considère aussi dans le calice, soit propre, soit commun, sa forme extérieure, & sa position par rapport à l’ovaire, ou aux différentes parties de la fleur dont il est quelquefois chargé : ainsi, on dit qu’il est arrondi dans le pain de pourceau, tubulé dans l’œillet, supérieur à l’ovaire dans le chèvrefeuille, corollifère & staminifère dans la rose, raboteuse dans les conyses, &c. &c.

Si la nature est si variée par rapport à la forme des calices, elle ne l’est pas autant par rapport à leurs couleurs : en général, presque tous les calices sont verts ; cependant on en trouve de rayés de blancs & de verts ; d’autres sont verts en-dehors, & blancs en-dedans, ou entièrement blancs, ou totalement jaunes ; quelques-uns sont bordés de rouge. Cette couleur verte, qui paroît être propre au calice, ne vient, suivant Cesalpin, que de ce qu’il est une prolongation de l’écorce du péduncule ; cependant cette couleur verte ne peut servir à distinguer les calices d’avec les pétales, puisqu’il y a des pétales verts, & des calices de différentes couleurs. M. M.