Cours d’agriculture (Rozier)/COROLLE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 490-497).


COROLLE, Botanique. La corolle diffère essentiellement du calice de la fleur, comme nous l’avons remarqué au mot Calice ; elle est la première enveloppe, l’enveloppe immédiate des parties de la fructification. C’est elle qui les protège, qui les défend des intempéries de l’air ; elle veille à leur conservation, à leur développement, & dans plusieurs plantes, à l’acte même de la fécondation. Ces organes si délicats & si tendres, exposés directement à la pluie, ou aux rayons du soleil, au froid des brouillards, de la rosée, ou aux ardeurs desséchantes de l’atmosphère & de certains vents, avorteroient ou tromperoient les vues de la nature, en laissant échapper les atomes de poussière fécondante, qui doivent exciter le développement des germes.

La corolle est implantée entre le calice & les parties de la fructification ; c’est positivement cette partie de la plante la plus brillante, la plus agréable, & qui nous intéresse le plus, soit par la vivacité & la variété de ses couleurs, soit par les parfums qu’elle exhale. Le commun des hommes l’appelle ordinairement fleur, & les botanistes lui ont donne le nom de fane ou pétale. Il faut cependant observer ici que corolle & pétale ne doivent pas être regardés comme exactement synonymes. Le nom de pétale, proprement dit, n’appartient qu’aux pièces dont la corolle est composée. Une corolle d’une seule pièce, comme celle du grand liseron, est une corolle entière ; & celle de la tulipe est une corolle à quatre pétales. Les botanistes n’ont pas fait assez d’attention à cette distinction, & cet oubli a entraîné souvent de l’obscurité & de la confusion dans leur systême. Comme c’est une des parties les plus apparentes de la fleur, c’est aussi une de celles qui ont été le plus étudiées : quelques botanistes même en ont tire les caractères de classification de leur systême ; sa présence ou son absence, sa forme, sa situation, sa régularité, son irrégularité, sa couleur, ont fourni des caractères distinctifs. Depuis Morison, jusqu’à Tournefort, qui a fait de la corolle la base fondamentale de son systême ; depuis Ruppius, jusqu’à M. Adanson, tous les botanistes y ont reconnu des indices de divisons, des lignes de démarcation, qu’ils ont cru avoir été tracées par la nature elle-même. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de grands détails sur cet objet ; nous l’examinerons plus particulièrement au mot Systême. Nous allons nous contenter d’examiner ici l’histoire naturelle de la corolle, les parties dont elle est composée, ou qui l’accompagnent quelquefois, sa formation, son développement, sa durée, sa destination, & l’emploi que la nature lui a assigné dans l’économie végétale ; ensuite nous passerons à l’examen de sa forme, de sa régularité, de ses divisions, du nombre des pièces dont elle est composée, du lieu de son insertion, & de sa couleur.

I. Des parties de la Corolle.

La corolle, considérée à la vue simple, semble organisée comme une feuille ; elle offre une substance végétale, arrondie communément sur ses bords, d’une certaine épaisseur, garnie de côtes & de nervures, lisse d’un côté, colorée sur les deux surfaces, terminée par un onglet plus ou moins long, par lequel elle adhère, ou au germe ou au calice ; en un mot, à la partie qui la supporte : mais si vous pénétrez dans l’épaisseur de la corolle, & qu’à l’aide d’un microscope vous analysiez son intérieur, vous trouverez que toute corolle est composée d’une écorce, d’un réseau cellulaire, d’un parenchyme, d’utricules & de vaisseaux aériens ou trachées ; l’écorce elle-même est composée de deux parties très-distinctes, d’une membrane extérieure ou de l’épiderme, & du réseau cortical. Que de richesses ! quelle multiplicité d’organes ! combien la nature est-elle belle, & infinie dans ses productions !

Tâchons d’étaler aux yeux tous ces trésors, & développons tous ces objets d’admiration. M. Desaussure, dans ses observations sur l’écorce des feuilles & des pétales, nous a mis sur la voie ; marchons sur ses traces.

Si vous prenez, une feuille de rose, ou une pétale de pavot, & que vous la déchiriez de côté, vous remarquerez que rarement se fend-elle nettement, qu’au contraire elle se fend obliquement à son épaisseur ; de façon qu’à l’œil nu, vous pourrez facilement distinguer au moins trois parties ; l’écorce supérieure, l’écorce inférieure, & le parenchyme qui se trouve entre deux. Si, au-lieu de déchirer la feuille, vous enlevez une partie de cette écorce avec la pointe d’un canif, vous pouvez aisément en détacher un lambeau considérable. Appliquez ce lambeau sur le porte-objet d’un microscope, & examinez-le avec une loupe un peu forte ; le spectacle le plus superbe s’offrira tout d’un coup à votre vue : un réseau assez régulier, formant des mailles à plusieurs côtés, règne sur toute la superficie de ce lambeau d’écorce ; des vaisseaux transparens s’entrelacent & s’anastomosent pour le former, & sont adhérens, jusqu’à un certain point, sur une membrane extérieure, qui est proprement l’épiderme de la corolle. Cette adhérence avec l’épiderme, est plus forte qu’avec le parenchyme ; ce qui est cause que lorsqu’on écorce une pétale, le réseau cortical s’en va presque toujours avec le lambeau de l’écorce.

On voit, (Fig. 4, Pl. du mot Couches ligneuses) un morceau du réseau cortical de la corolle d’un pavot, vu à une très-forte lentille d’un microscope. Ce morceau a été détaché de l’écorce supérieure : on y distingue les filets ou vaisseaux transparens A, qui s’entrelacent & forment des mailles ; & les mailles B, ou intervalles remplis de petits corps sphériques transparens, qui sont des utricules. Ces utricules appartiennent-ils au réseau cortical, ou au parenchyme ? C’est ce dont l’observation la plus exacte ne m’a pas assuré : je crois cependant qu’ils appartiennent au réseau, & qu’ils font, dans l’écorce de la corolle, les mêmes fonctions que les glandes corticales sont dans l’écorce des feuilles.

Les mailles du réseau cortical de la corolle, du côté de l’écorce inférieure, sont plus serrées, & les fibres, qui les composent, beaucoup plus rapprochées. En général, elles sont alongées & étroites du côté de l’onglet ou de la base, & elles se racourcissent & s’élargissent en s’en éloignant. Ces mailles sont assez régulières dans presque toutes les fleurs, sur-toût dans les pétales de la citrouille, de l’althea, de la rose, de la balsamine, du géranium, de la giroflée, &c. Leur figure offre un hexagone régulier, excepté dans les dernières, où l’on remarque souvent des hexagones mêlés avec des rectangles, comme on le voit dans la Fig. 4, P. citée plus haut : elles sont fort irrégulières dans le souci & dans plusieurs mauves.

Dans toutes ces fleurs, dont une partie a été observée par M. Desaussure, & l’autre par moi, les côtés des mailles du réseau cortical sont rectilignes : il n’en est pas de même de celles de la bourrache & du chrysanthemum des jardins ; ces côtés y sont très-tortueux.

Les vaisseaux, qui forment les mailles du réseau cortical des pétales, sont transparens & sans couleur : rarement sont-ils d’un diamètre égal dans toute leur longueur ; ceux du pavot, cependant, paroissent assez cylindriques.

La substance qui paroît immédiatement près l’écorce, composée, comme nous l’avons dit, de l’épiderme & du réseau cortical, c’est le parenchyme, substance spongieuse, vasculaire, & toujours imbibée d’un suc propre, que je crois susceptible de fermentation par la chaleur ou le contact de l’air, & par-là capable de prendre diverses couleurs. (Voyez le mot Couleur des plantes) Le parenchyme est divisé, en tout sens, par deux espèces de vaisseaux bien différens, & par leur nature, & par leurs fonctions ; les vaisseaux lymphatiques, & les trachées.

La macération dans l’eau est un moyen assez facile pour les rendre sensibles. Laissez macérer, pendant plusieurs jours, un pétale dans l’eau, les vaisseaux se rempliront d’eau, grossiront, & se détacheront du parenchyme. Les vaisseaux lymphatiques sont d’abord les plus apparens ; mais les trachées ou vaisseaux en spirale le deviendront bientôt après ; & si vous plongez cette macération un peu plus long-temps, on peut venir à bout de les détacher-les uns des autres, La Fig. 5, même Planche, représente un pétale qui a séjourné plusieurs jours dans l’eau, & dont les gros vaisseaux sont devenus sensibles.

Les trachées, renfermées dans les pétales, & qui en font la plus grande partie, sont sans doute l’organe par lequel ils pompent l’air extérieur ; & l’on peut croire que les vaisseaux lymphatiques renferment le suc propre & odoriférant de la fleur. Les nervures que l’on apperçoit à l’œil nu, sur quantité de corolles, ne sont autre chose que ces gros vaisseaux ; & examinés au microscope, on voit qu’ils sont creux, & qu’ils doivent par conséquent laisser passage à un fluide.

Une singularité dans l’écorce des pétales, comme dans celle des feuilles, observée par M. Desaussure, & que j’ai confirmée à chaque expérience microscopique que j’ai faite, est la force avec laquelle elle tend à se rouler sur elle-même de dehors en dedans. Si, avec la pointe d’un canif, vous enlevez un lambeau de l’écorce du pétale d’une rose, d’un pavot, &c. quelques secondes après ce lambeau se roule sur lui-même dans le sens des nervures, & forme un petit cylindre. Cette propriété singulière est très-incommode pour les observations, parce qu’on est obligé de dérouler ensuite ce petit cylindre, pour l’étendre sur le porte-objet, & très-souvent il se déchire dans cette opération. Je pense, avec M. Desaussure, que c’est à cette propriété qu’il faut attribuer la faculté que les feuilles ont de se rouler en séchant.

§. II. Formation, développement & durée de la Corolle.

En connoissant bien toutes les parties qui concourent à la composition de la corolle, nous pouvons reconnoitre d’où elle tire son origine ; & nous pensons, avec Grew, qu’elle est formée du corps ligneux. En effet, nous y retrouvons l’épiderme, le tissu cellulaire, l’écorce, le parenchyme, des vaisseaux propres, des trachées & des utricules. On peut donc dire que le bouton à fleur, qui renferme la corolle, est formé par le prolongement du péduncule, dont toutes les parties se divisent en autant de faisceaux séparés, qu’il y a de portions détachées dans la corolle, ou de pétales : mais il faut encore un très-grand nombre d’observations pour confirmer & développer cette idée.

Les pétales ne sont pas tous disposés, dans les boutons, de la même façon, & la variété que l’on observe dans ce genre, est très-considérable : nous en allons citer quelques-unes seulement. Dans le bouton de la rose, les pétales sont couchés les uns sur les autres, en se contournant un peu vers l’extrémité, où ils forment une petite pointe : l’œillet offre le même arrangement. Dans les renoncules ils sont seulement appuyés les uns contre les autres, à peu près à la même hauteur. Ils sont ployés dans les pois & le coriandre, & ces plis sont simples ; ils sont doubles dans les bluets & les jacées. Il se trouve des fleurs, suivant la remarque de Grewv, où les pétales sont en même temps ployés & couchés les uns sur les autres, comme dans les soucis & les marguerites ; car, quand ces fleurs commencent à s’ouvrir, on voit que les pétales sont couchés les uns sur les autres ; & quand ils sont presque tout développés, il est aisé de remarquer qu’ils font chacun deux plis. Dans la clématite, ils sont roulés en dedans ; dans les mauves, ils sont contournés en vis ; dans les liserons, les pétales sont ployés en même temps qu’ils sont disposés en spirale, depuis le haut jusqu’en bas.

À mesure que les sucs nourriciers affluent dans les pétales du bouton, par les vaisseaux qui s’abouchent à leur base, les nervures, ou, comme nous l’avons remarqué plus haut, les gros vaisseaux acquièrent de la force, & en même temps de la roideur ; les trachées prennent de l’élasticité par leur forme spirale ; le mouvement, principe de vie, s’établit, & le développement se fait ; (Voyez le mot Accroissement) les pétales se déroulent, s’élargissent, se colorent, se parfument ; enfin, ils acquièrent ce point de perfection que la nature leur a marqué pour charmer tous nos sens.

Mais tout passe dans la nature : plus l’être vivant se perfectionne, & plus aussi il tend vers sa dégradation & sa mort. Aussi, à peine la corolle a-t-elle atteint son terme, qu’elle commence à se passer : l’évaporation insensible étant plus considérable que la quantité de substance apportée par les sucs nourriciers, la réparation n’est pas égale à la perte : les vaisseaux se dessèchent & s’obstruent, sur tout à l’onglet ; le suc, que contient le parenchyme & les utricules du réseau cortical, se décompose par la fermentation dont il est susceptible ; il altère la substance même du pétale ; il languit fané & sans vie ; il se détache de son support, & tombe. La vie de la corolle est très-courte, en comparaison de toutes les autres parties du végétal : c’est un instant ; souvent le même jour qui la voit naître, la voit aussi mourir ; & ce chef-d’œuvre de la nature, qui, le matin, captivoit nos regards & nos hommages, est oublié ou rejeté le soir même. Tel est le sort infortuné de la beauté.

§. III. Destination de la Corolle.

Mais la nature, qui ne fait rien sans vues & sans desseins, pourquoi a-t-elle donné une vie si courte à la corolle ? N’est-elle qu’un ornement inutile ? Non, ne le croyons pas : plus nous étudierons ses merveilles, & plus nous admirerons sa sagesse. La fonction de la corolle embrasse plusieurs objets ; elle protège le jeune embryon, & les parties mâles & femelles, c’est-à-dire, les étamines & les pistils, & les défend des intempéries des saisons. En effet, les pétales ne se développent que lorsque ces organes ont acquis assez de force & de consistance pour n’avoir rien à redouter de la pluie, de la rosée, de la chaleur, &c. Il paroît même, d’après plusieurs observations, que l’on peut regarder les pétales comme les rideaux du lit nuptial, oh se consomme la fécondation végétale ; car, dans quelques plantes, ce mystère est opéré avant l’épanouissement de la fleur. M. le Chevalier de Mustel a fait une expérience qui vient à l’appui de ce que j’ai dit. Elle lui a prouvé que si on coupe les pétales, lorsque la fleur commence à s’épanouir, toutes les autres parties périssent ; mais si l’on attend que ces mêmes parties soient bien formées, & que l’on prévienne de quelques jours la chute des pétales alors inutiles, l’embryon ne se fortifie que mieux.

Comme l’organisation des pétales est la même que celle des feuilles, aux glandes corticales près, dont les premiers sont privés, on peut, sans crainte, leur attribuer les mêmes fonctions qu’aux feuilles, c’est-à-dire, la dernière préparation du suc nourricier. Les pétales transpirent & aspirent ; c’est un fait botanique dont je me suis assuré plus d’une fois. M. Bonnet a observé que des pétales, posés sur l’eau, soit par leur surface supérieure, soit par leur surface inférieure, tiroient, par leurs pores, assez de nourriture, pour n’être fanés entièrement que le neuvième jour après avoir été détachés de la fleur. Les deux surfaces des pétales sont donc pourvues de pores aspirans, par lesquels elles pompent les sucs aériens qui, par l’acte de la végétation, doivent devenir principes nourriciers. Nous avons vu, au mot Air, (voyez ce mot) comment l’air atmosphérique se décompose dans la plante en deux parties, en air fixe & en air déphlogistiqué. Le premier devient partie constituante de la plante, & le second est rejeté par la transpiration insensible des feuilles & des tiges. Quand il y a une surabondance d’air fixe, alors la plante s’en dépouille & la rejette. Il paroît, d’après les expériences de M. Ingen-Houze & de Marigues, que les fleurs sont spécialement chargées de cette fonction, puisque leurs exhalaisons ou odeurs sont toujours méphitiques. (Voyez le mot Fleur, où nous donnerons le détail de ces expériences) On peut donc regarder les pétales comme un organe très-intéressant à la végétation ; mais il ne faut pas en conclure qu’il soit absolument nécessaire, puis que nous avons des plantes qui fournissent des semences & des fruits aussi parfaits qu’ils peuvent l’être, quoiqu’elles soient privées de pétales. Le frêne commun est dans ce cas-là. Ces exceptions sont très-rares ; & M. le Chevalier de la Marck, dans sa Flore françoise, assure qu’il ne connoît pas dix plantes, dont les fleurs soient totalement dépourvues d’enveloppe ; car la nature, infiniment variée & féconde dans ses productions, a presque toujours soin de suppléer à l’absence de la corolle, par d’autres moyens équivalens. C’est ainsi que la balle, (Voyez ce mot) dans les graminées, tient lieu de la corolle.

§. IV. Du nombre des pièces dont la Corolle est composée.

La corolle est, comme nous l’avons dit en commençant, l’enveloppe immédiate des parties de la fructification : quelquefois elle est d’une seule pièce, d’autres fois elle est composée de plusieurs. Quoique les mots de corolle & de pétale soient synonymes, & que nous les ayons employés jusqu’ici pour désigner la même chose, on peut, pour plus grande facilité, les distinguer l’un de l’autre, & dire que la corolle est la partie de la fleur la plus apparente, ordinairement colorée, quelquefois odoriférante, & souvent divisée en feuilles. Ce sont ces feuilles que nous désignerons sous le nom de pétale.

On distingue deux parties principales à la corolle, comme au pétale ; l’onglet, & le limbe. L’onglet est la partie inférieure, par laquelle ils adhèrent, ou au calice, ou au germe, & le limbe est le bord supérieur. Ces deux parties ne sont pas semblables dans toutes les fleurs ; l’onglet est fort long dans l’œillet, le carnillet ; il est fort court, au contraire, dans la renoncule, le pavot, la pivoine, &c. Le limbe est entier & uni dans le volubilis ou liseron, & denté dans l’œillet. On donne encore le nom d’épanouissement ou de lame à la partie du pétale aplatie, qui est entre le limbe & l’onglet.

Outre le pétale, & à l’extrémité inférieure de certaines corolles, en remarque le nectaire, ou la partie qui contient le miel que les abeilles vont cueillir. (Voyez Miel & Nectaire)

§. V. De la régularité, de la forme, des divisions, de l’insertion & de la couleur de la Corolle.

La corolle, qui est d’une seule pièce, & dont les divisions, si elle en a, ne sont point prolongées jusqu’à sa base ou l’onglet, elle est alors monopétale, & elle devient polypétale, lorsque les divisions s’étendent jusqu’à la base, & qu’elle est composée de plusieurs pièces qui peuvent se détacher les unes après les autres. La découpure diffère de la division, en ce qu’elle ne s’étend jamais jusqu’à la base de la corolle, & qu’elle se termine au limbe ou à la lame.

La corolle est régulière, lorsque toutes ses divisions sont uniformes, & qu’elles présentent un ensemble symétrique ; elle est irrégulière, lorsque le tout a un contour bizarre, soit que la corolle soit monopétale ou polypétale. Les pétales peuvent être réguliers, quoiqu’inégaux, s’ils ont tous la même forme, mais qu’ils soient de grandeur différente.

La corolle monopétale régulière, est campaniforme, quand elle a la forme d’une cloche, ou qu’elle est évasée sans tuyau, comme dans le liseron ; tubulée, lorsqu’elle est terminée par un tuyau un peu alongé, comme dans la gentiane ; infundibuliforme, quand elle offre la forme d’un entonnoir, comme dans la cynoglosse ; hippocrateriforme, lorsqu’elle ressemble à la soucoupe des anciens, c’est-à-dire, que le limbe est plane, la partie inférieure, tubulée ou cylindrique, comme dans le jasmin ; en roue, lorsqu’elle ressemble à une roue, & que le limbe est très-aplati sans tube sensible, comme dans la bourrache.

La corolle monopétale irrégulière est labiée, ou en gueule ou en masque, lorsque son limbe forme deux lèvres, l’une supérieure, qui imite souvent un casque, & l’autre inférieure, que l’on nomme barbe, comme le basilic ; lorsque ces fleurs ont un prolongement ou nectaire en manière de cône, on l’appelle éperon, & cette corolle, éperonnée : le muflier est dans ce cas.

La corolle polypétale régulière est cruciforme, lorsqu’elle est composée de quatre pétales disposés en croix, & les étamines sont au nombre de six dans les plantes de cette fleur, & on leur donne le nom de plantes crucifères, comme le chou, la moutarde ; rosacée, lorsqu’elle est composée de plusieurs pétales égaux, disposés en rose, comme le pavot, l’amaranthe. Si dans cette espèce on considère le nombre de pétales, elle peut être dipétale, tripétale, quadripétale, pentapétale, &c.

La corolle polypétale irrégulière est papilionacée, lorsque ses pétales, au nombre de quatre ou cinq, offrent une forme bizarre, que l’on a cru pouvoir comparer à un papillon, comme dans la réglisse, le pois commun.

La corolle peut être encore flosculeuse, semi-flosculeuse & radiée ; & dans ces trois cas là, la fleur est composée, parce qu’il se trouve plus d’une corolle dans un calice.

La corolle peut être attachée sur la plante, de trois manières, & le point de son insertion peut être sur l’ovaire, & alors on la nomme supérieure, comme dans le chardon ; sous l’ovaire, ou sur le réceptacle de l’ovaire, & alors on la nomme inférieure, comme dans la gentiane, la prime-vère, ou enfin sur le calice ; & dans ce cas, elle est toujours polypétale, comme dans la rose. Ces trois positions ont fourni à M. de Jussieux, des caractères généraux, qui, combinés avec celles des étamines & la Situation du calice, servent de base à sa distribution des familles naturelles.

Enfin, la corolle, considérée par rapport à sa couleur, est ou aqueuse, ou blanche, ou cendrée, ou brune, ou violette très-foncée, faussement appelée noire, ou jaune, ou rouge, ou pourpre, ou bleue, ou enfin panachée de différentes nuances : (Voyez au mot Couleur des plantes, ce que l’on peut dire de plus certain sur le principe colorant des plantes.) Au mot Fleur, se trouveront les dessins de différentes corolles dont nous venons de parler. M. M.