Cours d’agriculture (Rozier)/COURONNE IMPÉRIALE ou FRITILLAIRE

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Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 533-534).


Couronne impériale ou fritillaire. Voyez Planche 14, p. 487. M. Tournefort la place dans la quatrième section de la neuvième classe, qui comprend les herbes à fleur régulière en lis, formée par six pétales, & dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle corona imperialis. M. von Linné la nomme fritillaria imperialis, & la classe dans l’hexandrie monogynie.

Fleur D, en forme de cloche, composée de six pétales E, oblongue, parallèles évasés. À la base intérieure de chaque pétale, on trouve un nectaire hémisphérique, concave, creusé en forme de petite fosse remplie d’une liqueur mielleuse : le pistil C est composé d’un seul ovaire, les étamines sont au nombre de six.

Fruit F, divisé en trois loges, représenté en G, coupé transversalement, afin de démontrer l’arrangement des graines, planes d’un côté & un peu concaves en dehors.

Feuilles, adhérentes à la tige simples, très-entières, rangées presqu’en spirale, assez semblables à celles du lis, quelquefois tachetées comme la peau d’un serpent.

Racine A, bulbe, à doubles écailles qui l’enveloppent à moitié. Du bas de l’oignon partent de petites racines : en B, la bulbe est représentée coupée transversalement, afin de montrer l’ordre de l’emboîtement des tuniques ou écailles.

Port. La tige s’élève depuis un pied & demi jusqu’à deux ; elle est nue à sa base, feuillée dans le milieu, couronnée dans le haut. Les fleurs naissent au sommet, du milieu du groupe des feuilles dont elles sont surmontées, & elles s’inclinent contre terre.

Lieu. Cette plante fut apportée de Perse en 1570 : on la cultive dans les jardins ; elle est vivace, & fleurit en mai.

Propriétés médicales. Sa racine est âcre, piquante, désagréable au goût, rongeante & même vénéneuse prise intérieurement.

Propriétés d’agrément. C’est une des plantes les plus pittoresques que nous ayons ; elle figure singulièrement bien dans les parterres ; sa culture est comme celle des lis. On peut la multiplier par semence ; ce qui est fort long & fort casuel, parce qu’elle aoûte difficilement, sur-tout dans nos provinces du nord : il vaut mieux la multiplier par cayeux. Quelques cultivateurs enlèvent de terre ses oignons, lorsque la tige & les feuilles sont fanées, pour les replanter ensuite en septembre ou en octobre : cette opération est assez inutile. Je réponds, d’après ma propre expérience, qu’ils peuvent rester en terre pendant nombre d’années, & qu’après trois ou quatre ans, on trouve un nombre considérable de cayeux. Depuis que cette fleur est cultivée dans nos jardins, elle a beaucoup varié pour la couleur : il y en a de jaunes, de panachées, de rouges, de couleur de feuille morte.