Cours d’agriculture (Rozier)/CRAMPE

La bibliothèque libre.
Hôtel Serpente (Tome troisièmep. 541-542).


CRAMPE. On donne le nom de crampe à une espèce de convulsion qui attaque l’estomac ou les extrémités du corps, les bras, les mains, les cuisses & les jambes.

1°. Crampe de l’estomac. La violente douleur qu’on restent dans l’estomac pendant la crampe, vient quelquefois de la rentrée des maladies de la peau, ou de l’humeur goutteuse ou rhumatismale : dans ces cas, il faut rappeler à la peau, & aux extrémités du corps, la cause qui a donné naissance à la crampe. (Voyez ces maladies.)

Quelquefois elle vient de convulsions des nerfs de l’estomac : dans cette circonstance, si le malade a de violentes envies de vomir, il faut lui faire boire abondamment de l’eau tiède, & ne jamais hasarder de lui donner des émétiques, même les plus légers ; l’inflammation de l’estomac seroit la suite de ce traitement ignare. On donne en lavement le laudanum, à la dose de soixante grains, parce que, donné en boisson, il excite quelquefois le vomissement, & son effet calmant est perdu. Toutes les quatre heures, on donne un bol fait avec un gros de thériaque & dix grains de musc, qu’on partage en deux ou trois prises. Si le vomissement cesse, on substitue au bol la potion suivante, à la dose d’une cuillerée toutes les trois heures : mucilage de gomme arabique, trois gros ; eau de menthe & de canelle, une once, & musc, un scrupule. On applique sur l’estomac des vessies pleines de lait, ou des linges trempés dans l’eau tiède : si les accès étoient trop violens, malgré l’usage des moyens indiqués, & si on redoutoit l’inflammation de l’estomac, il faudroit saigner le malade au pied, & lui appliquer des emplâtres de vésicatoires aux jambes.

2°. Crampes des extrémités. Après avoir resté long-temps dans la même position, le sang est gêné dans son retour ; il gonfle les veines : ces dernières prestent sur les nerfs, & il suit des engourdissemens, des convulsions, même locales. Il faut, dans ces cas, placer la partie malade sur des corps froids, & la frotter fortement avec des linges secs ; la circulation se rétablit, & la crampe disparoît.

Les crampes souvent répétées dénotent le mauvais état du sang, & une maladie cachée du ventre & de la poitrine : il faut alors porter une attention réfléchie sur ces parties, & employer les remèdes convenables. M. B.


Crampe, Médecine Vétérinaire. Maladie dont le caractère principal est une roideur, ou la contraction d’une partie qui disparoît bientôt, mais qui est quelquefois très-douloureuse. Le jarret du cheval est la partie la plus sujette à la crampe, & elle arrive sur-tout, lorsqu’il sort le matin de l’écurie : la roideur est quelquefois si grande, que l’animal a beaucoup de peine à fléchir la jambe, ce qui provient, sans doute, de la circulation du sang qui comprime les filets nerveux.

La crampe passe ordinairement, lorsque le cheval a fait quelques pas. Il peut cependant arriver qu’elle dure un demi-quart d’heure ; dans ce cas, les frictions à rebrousse-poil, faites avec une brosse ronde, suffisent pour la faire cesser. M. T.