Cours d’agriculture (Rozier)/EXCROISSANCE

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Hôtel Serpente (Tome quatrièmep. 417-418).


EXCROISSANCE, Médecine rurale. On entend par ce mot, une tumeur contre-nature, qui s’établit dans les chairs & sur la surface des différentes parties du corps.

Parmi les tumeurs de cette nature, on compte les verrues, le polype, les loupes, les crêtes, les condylomes.

L’excroissance dépend d’une abondance de sucs nourriciers, du relâchement des parties où elle se forme, ou de quelque solution de continuité ; elle peut-être produite par le virus vénérien & cancéreux ; la formation de l’excroissance tient au mécanisme de l’accroissement : c’est toujours d’une manière très-lente & presqu’insensible. (Voyez. Loupe, Polype & Verrue.) M. AM.


Excroissance, Médecine Vétérinaire. Ce mot se dit en général de toute tumeur contre-nature, qui se forme par le mécanisme de l’accroissement sur la surface des parties du corps des animaux. Ainsi, les fics, les loupes, les cerises, les chairs qui s’élèvent dans les ulcères au-dessus du niveau de la peau sont des excroissances. (Voyez tous ces mots) M. T.


Excroissance, Agriculture. Tous les phénomènes de la végétation prouvent l’analogie extrême qui subsiste dans les règnes animal & végétal, & les définitions données ci-dessus, conviennent très-bien à ce dernier. La surabondance ou un reflux de la sève occasionnent les excroissances ; le premier cas est rare, & le second très-fréquent. Toutes les fois que l’on taille un arbre à contre-temps, qu’on lui enlève trop de bois à la fois, on est presque assuré de voir naître ou des tubérosités, comme sur les ormeaux, les frênes, les peupliers de toute espèce, &c. ou des gouttières, des chancres comme sur les mûriers, ou de la gomme comme sur les abricotiers & sur tous les arbres fruitiers à noyaux.

La majeure partie des grandes routes du nord du royaume, est plantée en ormeaux sur les bordures ; que l’on prenne la peine de les examiner, & sur dix on en trouvera au moins un chargé d’excroissances. Ces monstruosités sont bien plus fréquentes encore sur les arbres que l’on émonde régulièrement tous les trois ans pendant la sève d’août, afin de conserver le feuillage pour la nourriture d’hiver des troupeaux. Ces excroissances acquièrent souvent un volume prodigieux ; mais aux dépens de l’arbre qui s’amaigrit insensiblement par la soustraction de la sève absorbée par l’excroissance.

Ce vice de configuration prouve combien il est absurde, 1°. de supprimer trop de grosses branches à la fois ; 2°. de tondre rigoureusement tous les trois ans, excepté vers le sommet où l’on laisse un petit bouquet de branches, les ormeaux, les frênes &c. &, sur-tout lorsque l’on n’attend pas la saison d’hiver. On objectera contre ces assertions la nécessité de pourvoir à la subsistance des troupeaux ; dès-lors il ne faut pas s’attendre à avoir des arbres de belle venue.

Le propriétaire vigilant se hâtera d’extirper ces excroissances dans leur principe, & de traiter la plaie avec l’onguent de St. Fiacre (Voyez ce mot) ; si l’excroissance est trop avancée, le mal est sans remède : l’arbre végétera comme il pourra avec ses infirmités.