Cours d’agriculture (Rozier)/IRIS

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Hôtel Serpente (Tome cinquièmep. 692-694).


IRIS ou FLAMBE. (Voyez Planche XXIX). Tournefort le place dans la seconde section de la neuvième classe, qui renferme les herbes à fleur régulière, d’une seule pièce en rose, divisée en six parties, dont le calice devient le fruit, & il l’appelle, iris vulgaris germanica sive silvestris. Von-Linné le nomme iris germanica, & le classe dans la triandrie monogynie.

Fleur, composée de six pétales, les trois supérieurs se rejoignent à leur sommet, & les trois inférieurs sont recourbés ; ils sont tous étroits à leur base, ovales & amples à leur extrémité ; les étamines sont au nombre de trois. B représente un des pétales supérieurs séparé. C représente le pistil. La couleur de la fleur est d’un violet pourpré.

Fruit D, est une capsule oblongue qui succède au pistil ; elle est à trois loges & à trois valves, & renferme les semences E, placées en recouvrement les unes sur les autres.

Feuilles en forme d’épée, simples, entières, terminées en pointe, embrassant la tige par leur base.

Racine A, charnue, à mamelons, noueuse, rampante.

Port. Tiges de deux pieds de haut environ, dépasse les feuilles ; la fleur au sommet, ayant à sa base une stipule ou feuille florale, ordinairement blanche, & quelquefois, un peu verte, & son extrémité de la même couleur que celle de la fleur ; les feuilles sont alternativement placées.

Lieu. Les bois, les vieux murs. La plante est vivace, & fleurit au printemps.

Propriétés. Racine sans odeur, d’une saveur âcre, sur-tout quand elle est fraîche. La racine récente est un purgatif violent, souvent accompagné de coliques & de ténesme… ; desséchée, elle purge médiocrement, donne peu de coliques, & fait quelquefois rendre par les selles beaucoup de sérosités ; c’est pourquoi elle est recommandée dans différentes espèces d’hydropisie… ; la fécule de la racine non lavée purge peu… ; la fécule lavée ne purge point.

Usages. On donne la racine récemment cueillie depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes en infusion dans cinq onces de véhicule aqueux… desséchée & pulvérisée, depuis quinze grains jusqu’à une drachmes délayée dans quatre onces d’eau.. desséchée, depuis une drachme jusqu’à demi-once, infusée dans six onces d’eau.

On tire de la fleur fraîche une espèce d’extrait ou de pâte verte nommée vert d’iris, dont on se sert pour peindre en miniature.

Cette plante n’exige aucune culture particulière ; elle est si vivace, qu’elle croît sur les toits en chaume, sur les vieux murs, &c. mais elle craint l’humidité trop soutenue. La flambe figure bien dans les plates-bandes des grandes allées par la masse arrondie de ses feuilles, & par les tiges des fleurs qui s’élèvent de cette masse. La couleur & la figure pittoresque de ses fleurs lui attirent les regards.

On est bien aise d’en rencontrer quelques pieds sur les bords & dans les bosquets de printemps.

Iris De Florence. (Voyez Pl. XXIX, p. 700). Tournefort & von-Linné le placent dans les classes indiquées ci-dessus, & tous deux le nomment iris florentina.

Fleur, toujours blanche, moins Volumineuse que la précédente.

Fruit C, d’une couleur plus brune, & ses graines D sont les mêmes dans l’une & l’autre plante.

Feuilles B, elles se distinguent principalement. De la racine s’élèvent des feuilles emboîtées à leur base les unes sur les autres, & ainsi de suite, toujours en montant ; elles sont en forme de glaive, fendues en gaine sur presque toute leur longueur. Elles sont moins larges, moins hautes que celles de l’iris-flambe, & d’un vert plus foncé.

Racine A, tubercule ridé, charnu, brun en dehors, blanc en dedans, fibreux.

Port. Tige droite, cylindrique, articulée, garnie de feuilles, plus oblongues, moins aiguës, plus épaisses que celles qui partent des racines. Les fleurs naissent au sommet des tiges, & les feuilles sont placées alternativement.

Lieu ; originaire des isles de la Méditerrannée, de l’Italie ; cultivé dans les jardins où il fleurit au printemps.

Propriétés. La racine a une odeur de violette ; sa saveur est médiocrement âcre & amère, elle est un purgatif dont l’action est lente & douce. C’est, à bien prendre, le seul usage auquel on doive l’employer en médecine. Réduite en poudre, elle est sternutatoire ; la racine bien mondée sert à nettoyer les dents, comme toute autre espèce de racine, susceptible de se réduire en poudre subtile par le frottement ; elles agissent à l’instar d’une lime très-douce.

Lorsqu’on enlève de terre cette racine, on la dépouille aussitôt de son écorce brune, & on la met sécher à l’ombre, exposée à un grand courant d’air.

Usages. On donne la racine pulvérisée, depuis demi-drachme jusqu’à deux drachmes, délayée dans cinq onces de véhicule aqueux, ou incorporée avec un sirop.

Usages économiques. Les parfumeurs l’emploient beaucoup dans les poudres, dans les sachets auxquels ils veulent donner l’odeur de violette ; les frelateurs de vins, pour imiter les vins blancs de Saint-Péray ou de Seyssuel, qui sont naturellement parfumés du goût de violette ; mais cette supercherie est aisément démasquée par l’amertume que l’iris de Florence communique au vin. Il vaut mieux jeter, dans une barrique sèche, quelques livres de la racine ; la bien boucher, & la laisser ainsi pendant quelques mois. Lorsqu’on sera prêt à soutirer le vin blanc de dessus sa lie, c’est le cas de défoncer promptement la barrique, d’en retirer les racines, de la relier promptement, d’y verser le vin, & de la reboucher avec soin.

L’iris de Florence n’exige aucun soin pour sa culture ; il craint la trop grande humidité, & réussit très-bien dans nos provinces méridionales ; on pourroit l’y cultiver, & en faire une branche de commerce. Il figureroit assez bien sur la lisière des bosquets de printemps.

Von-Linné compte & décrit vingt-trois espèces d’iris : j’ai parlé de deux ; il en reste encore quelques autres pour la décoration des jardins.

L’iris de Suze mérite d’être placé dans un endroit apparent, à cause de la forme & de la couleur de sa fleur, ou dans des vases, sur-tout dans les provinces du nord, parce qu’il craint un peu le froid ; sa fleur est presque du double de volume de celle de l’iris-flambe ; sa couleur est blanche, piquetée de points & de taches brunes, tirant sur le noir ou violet très-foncé ; sur le milieu & sur la longueur des pétales, sont parsemés des poils assez longs, qui donnent à la fleur une figure singulière. Les trois pétales inférieurs sont réfléchis, & plus grands que les supérieurs ; cette belle fleur s’élève au sommet de la tige, & elle est plus longue que les feuilles ; la plante est originaire du Levant ; elle fut dit-on apportée de Constantinople en Flandres en 1573 ; elle fleurit dans le même temps que les autres iris. Sa culture est la même ; von-Linné le nomme iris susiana.

L’iris panaché, iris variegata, Lin. a ses pétales barbus & panachés de différentes couleurs, sur un fond jaunâtre ; il diffère en outre des précédens, par sa tige garnie de feuilles, & il porte plusieurs fleurs. Il croît naturellement en Hongrie ; il est vivace & fleurit comme les précédens.

L’iris nain, iris pumilla, Lin. Chaque tige ne porte qu’une seule fleur, & la fleur n’est pas aussi élevée que les feuilles. Aucune espèce n’a plus varié entre les mains des jardiniers. Il y en a à fleurs pourpres & bleues, de blanches, de rouge pâle, de fouettées, de panachées ; &c. il faut placer la plante sur le devant des grandes bordures ; elle croît naturellement sur les collines de l’Autriche & de Hongrie, réussit à merveille dans nos provinces du nord, pas aussi bien dans celles du midi ; elle aime une terre légère.

L’iris bulbeux, iris xiphium, Lin. Les fleurs au nombre de deux, sur les tiges ; leur couleur varie du bleu au violet ; les pétales sont sans barbe ; les racines sont bulbeuses ; les feuilles en forme d’alêne, cannelées, plus courtes que la tige. La plante est originaire d’Espagne ; elle aime une terre légère & substantielle, & craint, comme les plantes bulbeuses, l’humidité.